À l'absence de l'ange
Il y a des jours où l'ange n'est plus là
et où tes ailes se brisent.
Un chat reste près de toi,
tu voudrais l'emporter avec toi
dans ce sommeil des montres
où se jouent des Te Deum inaudibles,
dans ce silence majuscule
où se perdent les rêves altérés,
où ton siècle s'égare.
À l'éphéméride des disparus,
reste une larme séchée,
une larme, un siècle, une question.
J'ai froid.
Au silence des oubliés,
une clameur blanche de Requiem
résonne comme un rire avorté.
L'ange n'est pas venu,
l'espoir grisonne comme un blé glané
quand la terre est fatiguée.
Parfois, à la fenêtre des lendemains,
ton souffle se cherche
et tu te crois arrivé.
Ta vie est déjà pliée,
prête à épouser cette robe de sapin
qui ne fêtera plus noël.
Tu t’arque-boutes
sur des images jaunies,
tant d'amis sont partis
qui agrandissent le vide.
Parfois, dans les odeurs d'hier,
venue de loin,
cette vieille compagne d'enfance
qui te demandait pourquoi aller plus loin
quand le jour ne savait plus chanter,
est de retour.
Dans un coin de mémoire,
une femme qui te nommait mon fils,
des mots égarés
un vélo oublié dans la cour du patio,
les hirondelles de mars,
et tu te demandes
pourquoi tu es encore là
et si aller à demain
est encore utile
quand l'ange
n'est pas là.
Quand l'ange
n'habite plus chez toi.