Humour grave sur ton léger et 3 octaves de moins (Réponse rêvée à ma banquière)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'heure était grave, on ne s'entendait plus

Le téléphone avait sonné, sonné, et résonné

comme le cri inachevé d’un bandit manchot à l’heure de la marée

quand la mer se lève si haut que l'eau, les crabes et les bateaux ivres, gâtent ses rêves.

"Au secours" aurait-il voulu dire !

 

Et voilà que la rumeur m'accuse :

a) De ne pas répondre au téléphone

b) De ne jamais répondre au téléphone !

 

Devrais-je me justifier ?

Devrais-je dire :

que la table est dans la cuisine,

Et que le portable joue du vibreur dans la chambre ?

 

Qu'il ne parle pas aux sourds dingues

Que le sourd déjeune à 14 heures

Que l'amour est sourd à la raison

Que l'oreille est si faible qu'elle ploie sous la culpabilité

Que le silence est trop fort

Que le son n'est pas un passe-muraille

Que les mouches rêvent trop haut quand on les met au pied du mur

Que les murs n'ont qu'un pied

Que mes pieds sont analphabètes

Que la poésie ne compte plus ses pieds

Que les écraser la rend inaudible

Qu'à cloche-pied mes vers boitent

Que  parfois la minute piétine sous de trop lointains cocotiers

Que l'absence est un chagrin qui inonde mes oreilles

Que le chahut n'est pas raisonnable

Que le froid masque la chaleur des mots de cœur

Que la sonnerie muette de ce téléphone, même mal raccroché, me parle d'elle

Que penser à elle efface le bruit.

 

Devrais-je lui dire :

a) Que l'arbre est trop vieux pour entendre siffler le train

b) Que je ne suis qu'un vieux tronc

    trop dur de la feuille pour être vraiment honnête.

 

JMS

 

 

 

Publié dans Textes de JMS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article