Le cri d’ombre et la fleur coupée
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Une photo a arrêté le temps
image extrêmement précise
effraction dans le passé – parcours de l’instant
voyage en noir et blanc.
Huit doigts visibles - ceux d’une petite fille.
Enserrées dans la petite main – six fleurs - pétales ébouriffés
à peine étranglées
étrangeté d’une mort sans cris – minute de douce panique
instant volé.
Un regard d’ange qu’on ne peut pas voir
qu’on devine
l’ange contemple le crime invisible
inutile
des pétales de neige sale
un jeu qui arrive.
Déjà, j’entends bruisser le murmure
une comptine se décline
du "je t’aime un peu, beaucoup" - "jusqu’à la folie"
des fleurs jetées – un pré piétiné
et la vie qui court.
dans l’immensité du vertige, où suis-je ?
Dans la photo ?
Des pas… et d’autres pas fracasseront le temps sur des jeux de marelle
et la vie qui court
dans ce déjà passé
confondra le futur.
Je ne sais où, des milliers d’enfants useront leurs rêves
du "un peu, à la folie" - au "pas du tout".
Et partout des fleurs en frayeur.
JMS