Dans l'immensité des jours

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois, l'immensité des jours
et de la douleur d'être homme est si vaste
qu'elle s'enferme et s'autodétruit dans l'inimaginable.
Le choix est dans son contournement
ou le cumul des poignards de la raison, jusqu'à la folie.

Déchirez-moi la tête,
la pensée,
déchiquetez mon corps, mon âme,
étouffez mes ressentis,
gommez-moi
effacez-moi.

La mort,
leurs morts, entrent en moi,
me hantent et me rongent.
Je pense à toi,
je te sais, toi la mère
qui regardes la poussière d'immeuble
où ta famille vient de disparaître,
et je sais
la mesure de la douleur,
le sanglot et la larme rugueuse,
comme un cri animal au profond des entrailles,
et l'agitation de mots qui n'expriment plus rien.

Que reste-il du rire de l'enfant que tu aimais ?
Me revient l'image de la petite fille de l'école Oha-Torah,

un pistolet sur la tête.
Partout au monde l'ignoble coagule l'innommable,
qui donc, et pourquoi, ont-ils fait cela ?

Est-ce l'image du dernier rire de ton enfant
dans cette rivière de sable et de poussière d'homme
que tu figes, là où était ton immeuble ?

Ta douleur a pénétré mon âme,
j'ai mal pour toi.
Nous sommes la flamme du brasier qui nous ronge.

Effaçons l'amour,
fermons les yeux
la mémoire et le futur,
pareille douleur, elle, ne se ferme pas.

Nos corps vivront et iront plus loin,
sans nous.
Notre effacement s'appelle l'Exil,
je le connais,
il y a si longtemps que je l'habite.

jms  le 18/04/2022

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