Tu es parti, mon père

Publié le par Cheval fou (Sananes)

Tu as posé tes douleurs et…
Tu es parti, mon père

Parti dans l’ombre des nuits et d’un vent
Où l’oubli bâtit l’incognito des morts
Parti en ce non-lieu où le silence enterre ses ombres

Et pourtant, mon père
Si les millions de morts qui ont chanté fleur au fusil
N’habitent plus que la grise odeur du désastre
La voix de Dano reste assise près de moi (5 heures du soir de F Lorca)
Et tant de mots hantent encore la mémoire des hommes

Et pourtant, mon père, tu vis
Parce que tu m’as légué ton cri
Et cette besace à mémoire si lourde à porter

Les tueurs d’humanité le savent bien
Eux qui détruisent la mémoire des pierres et des livres
Eux qui continuent à semer la mort

Rien n’a changé, mon père
Où que j’aille
Les grands mensonges vivent de silences orchestrés
Le chahut squatte la conscience

Où que j’aille
La propagande fait des sourds et des aveugles
Les puissants sont des jongleurs de vérités
Les larmes et le sang n’existent plus que pour ceux qui le versent


Tu le sais bien mon père
Le monde n’est que parce que notre mémoire le dessine
La Vie est à la dimension du regard.
Certaines amours meurent de n'être pas dites
Ni l’étoile ni le ver de terre n’habitent les consciences aveugles

Mon père, tant de drames dans ta besace
Tu savais que vivre c’est aussi habiter ses mémoires

Je n’oublierai ni l’étoile ni le ver de terre
Je sais que nos ombres agrandissent l’univers
Aussi longtemps que je marcherai
Je porterai ton nom, mes morts
Un chat, des joies et des douleurs d’univers


Je te porterai
Aussi loin que vivre.

 

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