Face à la "Question majuscule"
Ces tables de calcul, élégantes et énigmatiques, trouvées au cours d'une errance sur le Net, percutent le point identitaire de ma croyance la plus absolue. Elles rejoignent et épousent, en son épicentre, ce que je ressens comme la clef ancestrale de l'univers en cet endroit où matière, pensée, doute, raison et certitude fusionnent dans ce que, souvent dans mes textes, j'appelle : "La Question Majuscule".
Oui, l'architecture de ces chiffres disposés en des suites logiques que l'homme moderne est aujourd'hui capable de poser sur papier, me fascine. Elle me parvient comme un flash ou un instantané qui concentrerait des milliards de photographies concernant l'esthétique du mystère. Elles font écho à toutes les structures géométriques parfaites qui se réitèrent dans toutes les circonvolutions de l'atome, du cristal, et dans tous les modèles qu'utilise la création.
Partout, le mystère esthétique des formes géométriques parfaites s'articule sous la forme de cristaux, de fleurs, de symétries et sur l'axe du vivant. Je les reçois avec une dévotion intriguée car elles font partie du manuscrit le plus vaste, le plus ouvert et le plus prometteur de cette vérité universelle que prétendent décrypter les cosmogonies dogmatiques et religieuses. Ces formes à la beauté énigmatique sont parties intégrantes du génome du Mystère qui enfante la Question Majuscule. Elles sont parties du noyau fondamental des archives de la matière et de la vie. Elles sont la racine du premier mouvement détaché de cette matrice pour devenir la matière du premier cri et, de ce qui, un jour, formulera ce "Pourquoi, l'univers, la vie, l'amour, la beauté, la souffrance, la mort ? "
Ces quelques tables de calcul sont là, belles comme la Question, elles font partie de ma conception du Tout : Dieu est l'infini du Chiffre, le nombre de la Conscience, le quantifiant de l'ordination du Hasard.
Tout ce qui croit vivre, n'existe que par la conscience d'être, c'est par cela que nous sommes êtres et non matière. L’âme est une auto-allégeance au soi, ou à qui on croit être. C'est en prenant conscience de "qui on est", et de ce que nous voulons que les autres perçoivent de nous, que nous nous amputons de notre universalité et que nous nous transmutons en être social, avec ces dérapages qui parfois nous transforment en machine à paillettes, à paraître, à en vouloir toujours plus et à parler plus haut que la vie alors que nous ne sommes qu'une identité de la matière, rien d'autre qu'une architecture de l'insoupçonnable.
Petite variable douloureuse au centre d'une suite algorithmique cosmique, avec ses certitudes et ses savoirs en goguette, l'homme, ce papillon ivre, se croit le centre du présent et ignore que chaque futur se bâtit sur la destruction du "qui a été". Petit chromosome arriviste venu à la "Vie" par sa victoire au champ de bataille des pré-fœtus, l'homme ne sait ni pourquoi il est venu, ni pourquoi il lui faudra partir quand il aura tracé son chemin de vie.
Face à l'Histoire, avec nos simples ambitions et nos rêves d'homme, nous ne sommes que des 2 de pique dans un jeu de cartes aux mains de joueurs qui déjà pensent à la prochaine partie.
Aux vanités du croire et du savoir, je me sais de la famille proton. J'appartiens à un infiniment petit qui sait qu'il n'est à la taille d'aucune explication car l'Infini ne se divise pas sans renaître multiple et régénéré de mille autres dimensions encore plus grandes que celle que l'on entrevoyait.
L'intelligence, cette fille de la curiosité, quand elle croit arpenter ou cerner le Mystère, l'agrandit. Le Mystère du Tout n'est ni plus grand ni plus petit que le néant d'où a surgi cette Question Majuscule que l'on appelle "Univers".
C'est de l'aptitude à ce questionnement que nous naissons en tant qu'intelligence autonome. La Question porte, précède et supporte la vie, de même qu'elle nous aide à nous considérer en tant qu'être vivant. L'âme n'est rien d’autre, à mon sens, que cette aptitude à nous différencier de la matière brute pour nous parler de nous. Devenir Humain ne se fait que dans une auto-médiation entre notre devoir de survie et la nécessité d'une coexistence harmonieuse avec le créé et le vivant. On pourrait l'appeler Morale au sens éthique du terme.
De la plus infime partie de l'atome jusqu’aux grands infinis où se perdent les univers et les dimensions, j'habite le corps du Mystère. Je ne suis qu'une parcelle de ce Tout illusoire qui opte pour la conscience du bien faire.
La Question est mon vertige, souvent je m'y perds. Parfois mon chat m'y retrouve car il est arpenteur de rêves. Il sait que vivre est une ambition suffisante.