Commémorations de la libération du camp d’Auschwitz
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Il est des commémorations qui, par l'apport d'images et de reportages, ravivent des plaies et des chagrins inconscients. Ainsi me revient cet appel à témoin, retrouvé par hasard sur Internet alors que je me livrais à une recherche généalogique. Le nom de mon grand-oncle y figurait. Enfant, on ne m'avait parlé de rien, pourtant, déjà, j'avais croisé la désillusion de croire les hommes égaux et fraternels. Parce que j'entendais des noms murmurés entre soupirs et secrets par les adultes, puis parce qu'à l'école, on m'a battu en m'apprenant que j'étais Juif, alors que je croyais n'être que Français, puis l'Algérie m'a chassé parce que je l'étais. D'autres événements, aux racines identiques, survinrent, encore plus cruels. Est-ce par réaction à cela et que parce que d'autres subissaient l'infraternité des regards que j'ai voulu me battre, avec mes amis, pour que "La Marche des Beurs", ouvre une fraternité intercommunautaire ?
Pourtant, faudra-t-il qu'aujourd'hui j'en ai peur ?
Que je déserte une gauche redevenue pétainiste ?
Qui donc veut taire ma voix, mon sang, mes vérités ?
Que dire de tous ces génocides lents que furent l'esclavage transsaharien, trans-oriental, occidental, des pogroms millénaires contre les Juifs et les Gitans, contre les Chrétiens d'Orient ? Ne sait-on toujours pas qu'ils sont le fruit de systèmes identitaires se référant au sacré ? Ne sait-on pas qu'encore des punitions sont infligées à ceux qui dénoncent l'irrévérence de ceux qui ne se plient pas aux idéologies religieuses dominantes ou aux dictatures qui s'y sont associées ? Cela valait-ils tant de morts et de douleurs ? Et que dire de la participation silencieuse des instances religieuses à tous les grands crimes de l'Histoire, aux persécutions de "l'autre" ?!
Qui osera s'ériger en parole ? Qui osera dénoncer le silence de ceux qui savaient si bien se taire et étaient toujours prêts à gratifier de leur compassion, d'une petite larme, la victime et le salut aux bourreaux. Rien n'a changé dans cette décennie où les alliances se font autour de haines prioritaires, où l'antipathie séculaire contre l'Arabe se croit l'alliée de l'Israélien et vice versa, et où dans la choralité, la symétrie des fonctionnements, une même antipathie de masse s'exprime contre le peuple dit déicide, et que dans un même acharnement, ceux qui défendent les droits de la femme applaudissent les viols et les meurtres d'enfants et même la boucherie quand les victimes sont Israéliennes ou Françaises, mais juives.
Que fait l'éducation laïque quand elle devrait se révolter, être dans toutes les écoles, dans tous les passeports ? N'est-il pas temps d'oublier l'intime de ces conditionnements pour regarder les faits et ne plus réécrire l'Histoire ? N'est-il pas temps de comprendre qu'aucune idéologie de l'éradication de l'autre ne peut-être cautionnée, tolérée, et qu'aucune des religions du monothéisme ne devrait renoncer à cet héritage venu de la Torah : "Tu ne tueras pas, tu ne feras pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse".