Je veux des mots simples, comme le pain
Tu voudrais
ma gorge, mon sang, mes rêves.
Dans les violences du réel,
j'exile la blessure,
la colère, l’indignation.
Je ne fuis pas.
Je ne déserte pas.
Je me replie sur le silence et ses cris.
Je ne sais pas plier les mutismes du bonheur.
Je bloque.
Je suis l'ancrage posé sur un de ces trous de vie
où l'odeur du temps rejoue une incernable tristesse.
Je griffe un arc-en ciel planté dans la colère des jours.
Ceux que j'aime se sont accommodés
des guimauves des fausses fraternités.
Partout saignent des bouffées de haines.
L'échec de l'avenir ouvre la solitude des déshérités.
La soif de vivre est en quête d’adrénaline.
La langueur de l'in-espoir est une grisaille
où sombre l'heure qui passe.
Je ne veux pas de fusils quand il nous faut réinventer le jour,
je veux des mots et de la connaissance
rien des fausses vérités millésimées
qui parlent de joues tendues
mais s'inquisitionnent.
Plus de buchers, plus de djihad,
plus de Jérusalem où la mort court.
Je veux des mots simples
comme le pain,
l'envie de sourire à un visage étranger,
chercher en lui une part de ce mystère
que chacun de nous porte en soie.
Ne jamais lui demander d'où il vient
mais vouloir savoir
si, où il va, il y aura du pain et une main tendue,
des chahuts d'enfants,
des rires d'oiseaux
et un carré d’avenir.
JMS