Coup de blues coup de gueule
(Réponse à plusieurs commentaires)
Je n'ai pas envie de jouter avec ceux qui chantent l'inqualifiable.
Mon petit-cousin, le jeune Eitan, a été libéré, ce devrait être jour de joie s'il ne revenait pas de l'enfer du Hamas, portant à jamais la blessure de l'image d'un revolver posé sur sa tempe quand il fallait lui taire ses larmes ; s'il n'était maintenant, à jamais, porteur d'images montrant les gens de son kibboutz, mourir démantelés, qu'on lui imposait de regarder ; s'il n'avait pas été battu, torturé… Mais cessons l'inventaire de l'horreur.
Certains d'entre vous seraient tentés, d'un revers de mots, d'en faire disparaître l'ignominie, par un "oui, mais d'autres aussi ont souffert" !
Devrais-je sélectionner ceux que l'on doit plaindre et en disqualifier d'autres?
Toutes les douleurs ont un même poids et en particulier celles des enfants, de tous les enfants… et de tous les innocents, sans restrictions.
Oui, je suis anéanti, choqué par cette barbarie que certains qualifient d'actes de guerre et non de terrorisme, ceux-là mêmes qui me dénient le droit d'être un humain à part entière ; ceux-là qui, comme cet ami qui me disait que Hitler n'avait pas fini le travail ; ceux-là qui, dans mon enfance, devenus Croisés à la sortie du catéchisme, me prenaient pour cible et me poursuivaient dans une cour d'école. J'avais sept ans, je n'avais ni choisi d'être Juif, Arabe, ou autre, j'étais issu d'une famille qui avait épousé la Laïcité et qui, au Quatorze juillet, chantait ses morts et refusait d'exposer ses enfants aux haines et phantasmes des temps.
Oui, je suis désolé et anéanti de voir cet autre qui produit des caricatures de vérités, de même que je le suis en voyant ceux que j'aurais voulu pour amis, éloignés par les haines subconscientes qui les hantent. Dois-je rappeler à ceux qui unissent des haines ancestrales à des haines actuelles que je n'étais pas plus là, que ceux des pogroms de Pâques, que ceux de Dachau, et leur dire : non je n'ai pas tué le Christ ! N'est-ce pas cela qui pose frontière entre certains d'entre eux et moi ? Comment leur reprocher leur allégeance à un devoir subconscient qui formate chez eux une lecture sélective, leur fait ignorer que toute vérité partielle est un vrai mensonge ! Que leur dire ? Ils ne sont pas responsables de leurs héritages culturels, hélas, nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à en avoir souffert.
Si mon blog n'avait pas vocation à parler de poésie, je pourrais faire ici-même un historique sans concession des raisons qui font que le Moyen-Orient est ce qu'il est, et entrer dans ce jeu morbide de savoir qui dénigre le mieux son prochain, mais il est plus important pour moi de m'obstiner à dire que les Palestiniens d'il y a environ 2000 ans, (*voir la note), ceux qui aujourd'hui s'approprient ce nom, sont condamnés à vivre ensemble et à s'aimer.
Devrais-je regretter de m'être battu pour le respect dû à chacun, au sein de SOS Racisme, d'avoir encouragé "la Paix Maintenant" et d'avoir voulu voir un jour deux pays pour deux peuples (ou deux identités) ? Devrais-je regretter d'avoir défendu les Gilets jaunes, les migrants, chanté Madiba, Martin Luther King et Gandhi, pleuré avec les Coptes, les Syriaques, les Tziganes et les Roms de Roumanie, les Berbères, les Yazids et les Kurdes ? Devrais-je regretter d'avoir mal quand un homme a mal, sans faire de distinction entre Africains, Juifs, Palestiniens…?
Non, je ne peux le regretter car la morale, quand elle est celle de tous, n'est jamais inconvenante. Le droit des migrants à trouver une terre d'asile n'est pas différent de celui des Juifs, des Arméniens, des Kurdes ou autres, de vivre en sécurité sur leurs terres ancestrales. Tant que la politique soumettra le droit à des priorités électives, la politique sera amorale, inique et politicienne. Et le droit ne sera pas !
Oui, désolé, je pense qu'aucun bébé ne devrait avoir de place en prison ! Je suis anéanti, choqué, par une barbarie que certains qualifient d'actes de guerre et non de terrorisme.
(* note) En 135, Rome fait d'Israël une province romaine qu'elle nomme Palestine, avant qu'elle soit ottomane puis anglaise, et jamais un pays. Les billets de banque de Palestine sous mandat Britannique, en 1925, étaient en anglais et hébreu, avant que ce pays, en 1948 soit promis à deux peuples. Ceux qui ont des intuitions historiques et ceux qui croient savoir, devraient se renseigner.
JMS le 28/11/2023
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