Bruno Odile est parti, plus loin que "l’intériorité de la foudre qui l’accablait". Il est parti, mais ce qu'il a été reste dans l'intégralité de sa langue car Bruno avait une écriture, la sienne : inimitable. Elle s'abreuvait au langage sur-humain, je veux dire qu'aucun de ses mots, aucune de ses phrases, ne venait du verbiage coutumier des hommes, son encre portait un cri puisé dans un subconscient d'humanité pétri d'espérance, de refus de résignation, pour n'être qu'à hauteur d'âme, dans l'immatérialité d'un ressenti aussi puissant qu'éblouissant.
Pourtant, Bruno n'est pas parti, lisez ses mots, son cri est l'absolue poésie, chacune de ses phrases est un joyau ; visitez et revisitez ses écrits, rendez vous sur son site "La colline aux cigales".
Voici quelques mots glanés au hasard de ses textes :
"Nos ventres collent au ciel et l’étoile que nous occupions a rendu l’âme de l’autre côté de l’univers. La terre se souvient de la consolation qu’elle a tenue dans son calice. Il nous faudra encore mille ans pour bouturer de la lumière sur le fin fond de la solitude. Nous n’avons rien appris qui ne soit une défaite sans harnais. Nous sommes le fouet de la brume et nous incarnons l’imperceptible mouvement d’une poésie incrustée sur les parois du miroir."
Bruno a aujourd'hui déposé sa robe de douleur, il a épousé son habit de lumière,
il est avec nous, lisez-le, et si la tristesse est là, c'est parce que la coquille vide des apparences nous cache la vision de l'essentiel, car oui, Bruno est là.
JMS
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Rappel du texte publié par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès) le 14 mai 2018 :
Parmi les 5 à 10 auteurs du net dont j'admire la hauteur de pensée et l'expression poétique, Bruno Odile est celui dont la lucidité et les fulgurances m'émeuvent toujours au plus haut point. Tout en lui est courage, promesses ou espérance. Il est le samouraï de l'espoir qui, depuis que je le lis, transcende ses drames pour que son écriture soit un chef d’œuvre.
Je vous livre ses quelques lignes et vous invite à visiter son blog. Vous y rendre c'est affronter la beauté démesurée du cri de l'homme :
"Je ne cherche plus l’orage au bout des chemins sombres. Hier déjà, heurté contre l’ombre de moi-même, j’envisageais de me défaire des lassos de l’obscurité où s’exilent les piqûres du jour. A présent, je veille aux creux de mes mains et sur le bord de mes lèvres, je flotte en dehors des espaces abandonnés. Il n’y a plus de terre en ces lieux inoccupés, il n’y a plus de morsures pour que saigne l’horizon. Les frontières d’hémoglobine ont rejoint le silence léger poursuivant leurs courses après la forge. Le fer longtemps travaillé s’épuise dans la matière rougie avant de prendre forme. Dans une taille acerbe, la serpe coupante a brûlé le foin. Où pourrai-je aller ? Perdu à l’épicentre de mon progrès, je grappille sous mon épiderme le souffle de la buse et la vigueur du renard. Il me faudra mûrir dans l’ombre de moi-même, dans l’intériorité de la foudre qui m’accable.".
Tout est dit ! Et mon admiration se fait cri et épousailles de douleurs et d'espoirs au profond de moi.
Jean-Michel Sananès