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Lettre aux poètes et aux farfadets de la littérature

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Dans les champs de la mémoire, parfois le vieux poète se souvient d'un temps où Hugo, Aragon, Cadou, Char, Cohn, Desnos, Éluard, Seghers, étaient compagnons des rêves de liberté d'un peuple et metteurs en mots d'un espoir à consommer entre le café crème, le comptoir, et le théâtre de la vie. Lui revient le souvenir de ces temps où les poètes n'étaient pas encore les enfants oubliés de la littérature et où même la télévision leur accordait quelque place !

 

Oui, amis poètes, je me souviens d'un temps qui fut bien avant que l'école de la productivité n'ouvre son aube sombre ; d'un temps où les textes de qualité faisaient la diversité des publications, d'un temps d'avant que l'édition ne soit devenue un groupuscule industriel ayant main mise sur les médias et labellisent chaque année une vingtaine de livres issus de leur sérail pendant qu’elle en enterre des milliers d’autres, les jetant dans cette pénombre blafarde où croupissent des livres sarcophages promis au silence des médias ou au pilon.

 

Oui, amis poètes, je le sais, cela se passait bien avant qu'un grand des grands libraires de Nice m'ait-il dit : "Poètes !... combien de livres de poésie vendus en France, rayon poètes vivants ? Travail inutile et place perdue !" S'était-il rendu compte qu'involontairement il paraphrasait Staline qui, lorsqu'on lui avait demandé de respecter des libertés religieuses, avait répondu : "Le Pape, combien de divisions ? " L'esprit, la rentabilité et la censure relèvent-ils d'une même dimension ? 

Soldats des rêves inutiles, vieux poètes, amis sculpteurs de phrases arabesques, explorateurs traqueurs de pensées, danseurs et jongleurs, musiciens du verbe, vous le savez, amis, les poètes sont devenus l'armée des farfadets de la littérature. Petit cadeau leur est fait une fois par an car, comme il y a la journée du cheval, du chien, de l'enfant ou des femmes, on les exhibe dans de courtes cérémonies, dans un nettoyage de printemps cautionné par un ministère qui bat très vite tambours et trompettes avant que ne revienne le grand silence qui leur est réservé tout le reste de l'année ! 

 

Amis poètes, je vous en conjure, quand l'école de la rentabilité et de l'audimat fait loi et référence, jetez vos mots aux vents, aux radios sourdes, aux télés aveugles ; jetez le froid, le chaud, le feu, faites scandale,  piaffez, dansez aux insomnies et aux rimes crépusculaires, glapissez dans les ventricules de l’âme, griffez vos mots dans une envie d’exister, sinon mourez dans ce ghetto de silence où l’on vous maintient ! 

Allez ! Soyez révolte et affirmation là où certains perdent leurs plumes en des éditions à ventre de papier et cœur d’argent. 

 

Dans ce monde où le bruit fait son beurre, où la parole des poètes meurt, amis poètes, je vous en conjure, vivez l'intense du verbe, vivez dans l'étoffe des mots, et défendez-les. 

Vivons, fiers et poètes, car nos mots portent le futur.

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Hôpital Sainte Marie

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

à mon ami
Mon café me regarde
C'est un dimanche matin
d'odeur discrète
au goût de ciel effacé
et de café fatigué.
Certaines matinées me vont mal
certains jours me font mal
un ami s’efface
hier on l'a parqué au rayon des sans raisons
l'Ehpad qui l'abritait l'a envoyé là-bas
chez Charcot habiter une tendresse désabusée
celle que l'on offre aux homnimaux
parqués dans des dortoirs glauques
toutes douleurs mélangées.
La-bas, un cri arraché habite le silence
une larme s'est accrochée à mon œil
J'ai vu l'impuissance du désespoir
arrimé au visage de la femme
qui le serrait dans ses bras
J'ai prié
en espérant que le pire
vienne le délivrer
Hôpital Sainte Marie, j'ai prié.
 
JMS
 
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Monsieur Macron est-il un poisson rouge ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Les jours passant, je suis obligé de constater que l'élection de Monsieur Macron n'est rien d'autre que le résultat d'un quiproquo électoral. Je ne doute pas que ses électeurs (qui numériquement sont une minorité électorale), ont vu en son discours une espérance, celle d'avoir trouvé en lui un représentant du peuple de France, malheureusement c'était celui des lobbies.  

Ignorant la voix de la France, Monsieur Macron persiste dans ses choix et son engagement en faveur du grand capital. Encore une fois il en fait la preuve en renouvelant la dotation du CICE, faisant de ce qui devait être une incitation à l'emploi une sponsorisation du revenu des actionnaires. Rappelons, qu'en dépit des dizaines de millions reçus, Sanofi, Carrefour, Radiall*, et de nombreux autres bénéficiaires de cette aide substantielle, n'ont pas embauché mais ont, au contraire, licencié ; et le terme exact définissant ce comportement serait : ont détourné le CICE au profit de leurs actionnaires. 

Cette adoption, il y a quelques jours, du renouvellement en l'état du CICE (2 x 20 milliards), par l’Assemblée est, en plus des exonérations, niches fiscales et protection des paradis fiscaux, un scandaleux cadeau fiscal au patronat… (20 milliards qui semblent poser moins de problèmes de financement que les requêtes des Gilets Jaunes)

Dans ce chaos, les "Monsieur je sais tout" ne trouvent d'autre solution que de réduire le service public pour baisser les impôts alors qu'il conviendrait de toucher aux privilèges des vieux singes et éléphants du grand capital et de cesser d'ignorer le peuple français qui demande à mieux vivre.

La question se pose : Monsieur Macron est-il un poisson rouge enfermé dans son bocal ?

Ne sait-il pas que, loin des lobbies, de la Tour d'Argent ou du Maxim's ou autres, il y a un autre monde où des gens ne mangent pas à leur faim ?

Sait-il qu'être sous-payé et humilié n'est rien d'autre que vivre avec un statut d'esclave même si, pour ne pas mourir, on peut y consentir ?

Monsieur Macron ignore-t-il que le monde du travail aimerait que cette prime de CICE ne soit versée qu'à l'embauche réelle d'un salarié, selon une norme qui donne la priorité aux chômeurs longue durée, aux couples parentaux dont les deux parents sont au chômage, qui tienne compte des zones défavorisées, qui aide les petits employeurs et, éventuellement, que son usage soit partiellement redéfini pour limiter les faillites pour non paiement de l'Urssaf, et également qu'une mesure puisse permettre de sauver les industries en liquidation.

Le CICE ne devrait jamais devenir une aide à des sociétés dont les bénéfices se chiffrent en centaines de millions et parfois en milliard d'euros !

Le CICE est devenu l'acronyme d'une nouvelle forme de pillage des richesses globales au profit de quelques uns, à moins ce ne soit celui de l'incompétence.

Ce que le peuple de France attend c'est une loi de partage des richesses produites par les entreprises dans lesquelles ils travaillent, fixant la part des bénéfices d'entreprises revenant aux salariés, celle des actionnaires, celle consacrée aux dirigeants et PDG, sans oublier une constitution de fonds de sécurité destinés à la pérennisation en France de l'entreprise.

 

Face à quarante ans de non écoute des classes laborieuses, Monsieur Macron et les politiciens s'étonneront-ils qu'après la France des banlieues, première touchée par la crise, l'ensemble de la France laborieuse, ceux de la misère et des hommes de rien comme il les nomme, se réveille ?

S'étonneront-t-ils quand certains, au risque de casser le bocal, ont envie de tout casser ?

S'étonneront-t-ils qu'ils se jettent dans les bras des démagogues ?

Monsieur Macron, homme du grand capital et du mépris, s'étonnera-t-il que le  peuple lui demande une vraie justice sociale ?

Et l'on s'étonnera, qu'à trop tondre le mouton sa laine devienne gilet jaune !

 

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Gilets Jaunes

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

La Ballade des Gilets Jaunes

Que va-t-on faire de vous, hommes de peu, mes pareils, les infimes
Si le peu que vous avez, on le donne au Medef, à Gattaz, à Carrefour, à Sanofi
À ceux qui détournent la prime à l’embauche et licencient ?

Qu'allons-nous faire si le crime économique paie plus que la sueur versée
Sinon trimer, chômer, crever ou devenir des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire de vous, petits hommes de rien, travailleurs, mes amis
Si certains d'entre vous n'ont même pas de toit,
Si l'on réduit vos salaires, vos retraites et supprime la réversion ?

Que va-t-on faire quand, la nuit, nos enfants ont froid
Sinon trimer, hurler, se révolter ou devenir des Gilets Jaunes ?

Qu'allons-nous faire, nous qui voulons vivre dignement ?
Quand l'artisan et le retraité comptent leur pain
Quand des travailleurs se suicident ?

Nous qui condamnons les extrêmes et la violence, que peut-on faire,
Sinon enfin nous réveiller, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-t-on faire quand l'employé quémande son dû
Quand les grands patrons touchent cent fois nos salaires
Et nourrissent les paradis fiscaux ?

Que peut-on faire
Sinon, enfin, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-t-on faire de vous qui n'avez rien dit quand, aux rubriques de la désinformation
Les bénéfices des autoroutes, des aéroports, de la Française des Jeux, d'EDF, d'Alstom,
Et tout ce qu'on nous a volé devenait dividendes d'actionnaires ?

Que peut-on faire,
Sinon, enfin, nous réveiller et réclamer notre bien ?

Que va-t-on faire, hommes de la rue, vous qui n'avez rien dit
Quand le démembrement du bien collectif s'appelait privatisation
Et quand, à la finance, on offrait les ressources de la France ?

Sinon trimer, chômer, hurler, crever, ou devenir des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire de vous, hommes de la rue, qui n'avez rien dit
Quand on a volé nos suffrages et livré la France à l'Europe du grand capital
Que faire quand ils tuent le social, ferment nos écoles, nos hôpitaux et nos gares ?

Que doit-t-on faire quand le capital déchire le contrat social
Sinon nous réveiller, lever le poing et réclamer justice ?

Que va-ton faire de nous, les infimes,
Quand nos impôts financent les pertes et les projets du privé
Quand l'Europe des lobbies, du CETA et du TAFTA nous met en enfer ?

Que faire quand les gros mangent les petits, quand les céréaliers tuent la terre ?
Sinon enfin se réveiller, récupérer ce qu'ils nous ont volé ?

Que peut-on faire quand le roi roule pour 5% des Français ?
Quand, aux fêtes du capital, il veut supprimer cent vingt mille fonctionnaires
Que fera-t-on mes amis, quand il y aura cent vingt mille chômeurs de plus ?
 
Quand comprendront-ils
Qu'à trop faire patience la colère prend le pas ?

Quand comprendront-ils que la France n'est pas une boutique
Que l'Etat n'est pas une entreprise dont on peut licencier les citoyens
Qu'aucun d'entre nous n'est sacrifiable pour le profit de quelques-uns

Quand comprendront-ils qu'hommes de peu ou de rien,
Même nous, les infimes, méritons de vivre décemment ?

Enfants de France et d'ailleurs et vous mes pareils,
Quand sauront-ils que les hommes ne sont pas machines exploitables
Dont on brade la sueur et la conscience aux bourses du travail ?

Sauront-ils que l’injustice forge les révoltes
Que l'impatience enfante des Gilets Jaunes ?

Que va-t-on faire, hommes de rien, enfants du Tiers État
Si le roi et les premiers de cordée n’entendent rien
Si Liberté, Justice, Égalité, sont si mal partagées ?

Sinon devenir des Gilets Jaunes
Et enfin se réveiller, lever le poing et réclamer JUSTICE ?

Sauront-ils
Qu'à trop ignorer les peuples, rois et dictateurs perdent leurs trônes ?

JMS

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Ile Eniger : Ma terre

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À vous, cet hymne à la Provence que j'aime, avec son goût de terre si magnifiquement décrit par la sobriété et la puissance de Ile Eniger.  Merci Ile - JMS

 

Les platanes généreux, l'herbe forte malgré la soif, les vignes noires sacrant le vin, la paix d'oliviers séculaires, la tisane des  tilleuls, l'ivresse des lilas, la friture des grillons quand dorment les cigales, les lucioles menant aux  bals de villages, les chauves-souris radars de lune,  les braises de géraniums rouges, les joues versicolores des belles-de-nuit, les flèches d'écureuils effrontés, les abeilles goulues aux guinguettes des fleurs, les potagers derrière les canisses et les haies de cyprès, la farine de châtaigne, l'éclair du renard roux, et le Mistral fougueux qui monte à cru tes flancs, ma Provence je t'aime. Je t'aime ma terre dure, sèche, austère, aride, aux paysans fourbus attelés à la houe. Je remercie tes blés porteurs de pain, tes grappilles vétilles de septembre, tes hérissements de lavandes, tes potions de thyms et romarins. De ton ciel  métal fondu planté dans ta chair, à la transparence de tes cerises, à la flamboyance de tes parures, aux volets tirés quand l'été éperonne, à ton ventre blanchi préparant la première fleur d'amandier, je te salue et te bénis ma terre.

 

Ile Eniger - Solaire - (à paraître)

http://insula.over-blog.net/

Publié dans Ils disent

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Jean-Marc La Frenière : Comme on naît

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je connais le désespoir pour l'avoir côtoyé. Je couche avec la mort par amour des vivants. Les empreintes sur la sable jettent les bases du futur. On tire sur les enfants des balles de caoutchouc, des bombes fumigènes sur les récalcitrants, du plastic dans l'anus, des doses de poison dans les rivières du monde. On pique à la morphine les poètes enragés. On menotte le printemps. On a mis des barreaux entre le monde et l'homme. On traverse des tombes pour retrouver la vie. J'aime mieux semer du blé pour en faire du pain, de la bière et du rêve. Il y a des mots si simples que je peine à les dire, la vie, l'amour, la mort, l'amitié des myrtilles et des ratons laveurs, le bonjour des nuages, les adieux des étoiles, à bientôt, à demain, le hurlement des loups et le chant des oiseaux. Je sais la pierre et l'eau, les choses qui commencent, les choses qui finissent. Je me garde vivant pour tout ce qui va naître, ce qui s'éloigne de l'argent et de l'orgueil des hommes, ce qui s'éloigne de l'envie pour sauver les enfants qu'on fusille et les femmes qu'on viole, pour ce quignon de pain et ce feu des sarments, cet air d'ocarina aux lèvres de mon père, ces légumes que vend la mère des jumeaux, pour les gestes qui viennent quand on ouvre les bras. Le cœur nourrit les veines, ce meuble cardiaque dans la maison de chair. S'il n'y a plus d'abeilles, tous les pommiers s’arrêteront de fleurir. Je crache mes poumons dans ma barbe à papa devenue poivre et sel. J'ai peur de crever seul dans un lit de fortune tout au fond d'un mouroir, dans un asile de clowns et de vieillards aveugles. Mes lèvres sont usées, mais les mots restent jeunes. Il y a des trésors dans le vide, des trous d'air dans les mots. S'il m'arrive d'aimer ce sera comme on naît.

Je parle avec les mains en l'air. J'écris avec le cœur à l'ombre. J'ai les yeux révulsés des regardeurs avides. J'ai des bras à l'apogée des gestes, mais les jambes trop courtes. Je suis mort si souvent, mais je respire quand même. J'ai titubé longtemps et je titube encore, mais je reste debout au milieu des assis, de boue et de fougère sur la terre des hommes, de soif et de pain noir à la table commune, de bric, de broc et de misère, de faim et de breloques. Je suis resté l'enfant qu'on lapide et qu'on moque, le vieillard sur un banc qui parle aux pigeons. Les mains toujours plus vides, je quête l'absolu. Je mords l'alphabet avec des mots cariés, des phrases endolories, des poèmes aux aguets. Je n'ai pris au sérieux que l'amour et les mots. Le monde court vers sa perte avec ses mains qui lui échappent, sa bouche amputée de baisers, ses pieds qui coulent à pic, ses pas qui marchent dans les clous, d'autres qui tombent dans les trous, les doigts coupés des guitaristes, avec ses poings au ventre et sa marée de sang dans un buisson d'organes, ses chars d'assaut devant des roses rouges et ses drapeaux en deuil, ses gros doigts dégoûtants qui pelotent les filles, sa mémoire agricole rongée de pesticides. Il faut semer du blé avant que Monsanto ne détruise Svalgard. Il fait un froid de canard qui ne sait pas voler. Il titube comme un homme. En hiver, il est normal qu'on cherche la chaleur humaine. Peut-être que la vie reprendra son souffle, que ses cahiers de feu incendieront la neige. Les yeux survivent aux lampes qui s'éteignent. La pluie reste debout quand elle tombe du ciel. Je fais les poches du malheur et je brise ses armes. Avec les doigts en sang, j'écris sur du béton, du bitume et du bois dont on fait les cercueils. Je mâche du cerfeuil entre deux gorgées d'eau. De rat des villes à rat de bibliothèque, je suis devenu rat des champs. De malfrat de bar, de coup de foudre en coup de soleil, de la taverne à l'eau de source, de l'asphalte en chaleur jusqu'à ces herbes qu'on dit folles, je suis devenu pelleteux de nuages, copain avec un loup, berger d'abeilles. Je rampe sur la terre au niveau des étoiles. Je demande un briquet pour enflammer la neige.

Jean-Marc La Frenière

http://lafreniere.over-blog.net/

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Mémoire des pierres

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Voyageur, continue ta route.
À Digne,
l'Hôtel Ermitage t'attend.
Ici
la nuit est tombée
sur la vieille demeure
nul ne montera plus
l'escalier grinçant.
Chambre du haut
la paillasse ne chantera plus
ses nuits portent des silences
qu'une mémoire de pierres réveille.

 

page 18 in : La mémoire des pierres
La Provence en passant par Nice (en quête d'éditeur)

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Mes nuits sont des cavernes

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Mes nuits sont des cavernes où les rêves perdus rugissent
comme des terreurs millénaires se désagrègent 
en envolées de chauve-souris que la lune dévore


Je palpe le silence,
je cherche, je fouille le sillage des disparus.
Où êtes-vous, où es-tu, dans cet ailleurs où je m’égare ?
Où êtes-vous mes disparus,
pareils à tant de poèmes dont les mots se sont évadés ?
Où êtes-vous, où es-tu, dans cette flambée de jours consumés ?


Je cherche dans le sillage des disparus,
je scrute l'armée des ombres pliées dans les ressacs des jours perdus,  
j'entends des voix,
je vous vois,
je te vois, ma mère,
les yeux penchés sur mes cahiers à l'orthographe indomptée
.

Où es-tu ma mère
dans cet ailleurs où crissent des chants d'amour oubliés ?
Deux ans déjà…


Je te cherche dans les mémoires de triage,
sur des chemins d’exil.
Je n'ai rien oublié de ces ailleurs où je fus enfant.
Je n'ai rien oublié des tablées fleuries
où tu chantais, ma mère.
Je n'ai rien oublié de ces soirées cachées
où le sel à tes yeux, coulait.


De soupirs en sourires,
mes nuits sont des cavernes où les temps reviennent.
Les jours y flambent dans une clameur heurtée de rires et de larmes.
Enfant, dans l'abécédaire des silences
je décryptais la violence du jour,
je savais qu'il me faudrait attendre
pour un jour déployer mon cri.


Sous des sourires d'apparat, parfois tu pleurais, ma mère.

Mes nuits sont des cavernes
où les rêves perdus rugissent encore comme des terreurs millénaires

jms

Publié dans Textes de JMS

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Gilets Jaunes

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois la poésie est un langage trop civilisé quand l'homme et ses projets de vie sont à la botte d'un grand capital qui organise la captation des richesses globales au profit des 5% les plus riches, c'est à dire qui organise la spoliation de 95% des peuples.

Parfois la poésie est un langage trop civilisé quand les pouvoirs organisent l'exonération du grand capital, de peur qu'insatisfait de perdre ses privilèges, ou de voir se réduire les niches fiscales, il s'expatrie dans des paradis fiscaux.

Mais qu'il se barre bordel !

Interdisons-leur de commercer chez nous et qu'enfin reviennent les millions de petits commerçants ruinés, les millions de petits paysans dépossédés, que reviennent les millions d'emplois détruits par les spéculateurs qui profitent de l'exploitation des hommes en terre étrangère, qui jouent les salaires à la Bourse aux misères et jouent la mort de l'emploi ! Que ces spéculateurs soient soumis enfin à des lois éthiques !

Notre modèle social, Monsieur le Président, ce n'est pas ce que votre action défend en cautionnant la politique d'un Bruxelles aux ordres des lobbies experts en corruption alors qu'elle devrait être au service des peuples.

Monsieur le Président, ne soyez pas enclin à envoyer la force publique contre les Gilets Jaunes, à les faire taire, à enterrer leur parole sous une avalanche de communications télévisuelles tronquées et partisanes.

Cessez de jouer, encore et encore, les vieux réflexes de la lutte des classes en organisant le dénigrement des humbles, de ceux qui usent leurs vies et leur sueur à vivre la douleur d'être les exploités de votre capitalisme.

Rendez-nous le capitalisme humain qui nous a protégés des radicalismes, du fascisme et stalinisme. Rendez-nous notre dignité, celle qui nous permettra de ne plus élever nos enfants au rabais.

Pour connaître réellement la vie de 80% des salariés français, avant d'être Président, Monsieur, ne faudrait-il pas vivre une année complète avec le SMIC, en se levant à l'aurore, avoir des journées aux ordres d'exploiteurs qui, souvent, ne vous respectent pas, vous menacent de mise à pied si vous levez la tête, si vous parlez trop haut… et vous comprendrez alors, Monsieur le Président, pourquoi parfois au risque de choisir le pire pour mettre fin à une situation inacceptable, les peuples se révoltent !

Parfois, Monsieur le Président, la poésie est un langage trop civilisé pour parler de la senteur des fleurs quand les hommes souffrent et sont bafoués.

jms

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Quand un poète

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

 

Quand un poète prend sa retraite

Il bâillonne ses mots

Les enraye

Mâchonne

Les vieux mensonges de l’utopie.

 

Les chiens du silence                     

Rongent ses cris abandonnés.

 

Quand un poète prend sa retraite

Il s’agrippe

À l’ombre de ses vieux rêves

encore cloués au rideau de ce théâtre

Où chaque jour sa vie s’efface.

 

Quand un poète prend sa retraite

Une larme acérée plantée en travers du gosier

éteint les feux de son âme

 

Quand un poète prend sa retraite

Il se tire des silences en pleine tête

 

Chaque nuit brûle ses étoiles

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