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Notre-Dame

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Il y a si longtemps que j'ai 2000 ans.

Sur la marge des jours,

je suis un vieil homme enchaîné aux milliards de vies qui m'ont précédé,

et à l'usure des heures consacrées aux jours de labeur et à ceux de prières,

au polissage des pierres et du ciel,

aux gestes de ceux qui ont lustré le marbre et sculpté le bois.

J'épouse chaque nom gravé sur un arbre.

Une histoire universelle me parle, me raconte,

je la parcours dans un costume taillé dans l’atome.

Je suis parmi les millénaires

un homme de mémoire infinie que le vent déchire.

 

Doit-on toujours attendre de pleurer

pour faire des couronnes de regrets aux ossuaires disparus ?

 

J'ai 10 000 ans et les doigts pris dans les portières du Temps,

le cœur tordu à savoir l'amour qu'il a fallu à lisser la pierre,

et l'intelligence coutumière du geste qui a levé les tours et les flèches.

J'ai 10 000 ans et l'âme froissée à savoir la passion et la patience

qu'il a fallu aux hommes, pierre après pierre,

coup de burin après coup de burin, sculpture après sculpture,

pour graver le ciel d'une silhouette à la taille de l’immense.

Ils ont ciselé le ciel et la mémoire des hommes.

 

Que l'on m'enlève Notre-Dame-de-Paris et l’Île-de-la-Cité,

que l'on m'enlève Paris, la beauté et la mémoire des siècles,

et je ne serai qu'un balbutiement d'homme en quête de son identité.

 

 

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Extrait de "Derniers paramètres de la conscience" (Essai à paraître)

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand la raison collective vacille, tout comme l'homme, les sociétés inquiètes doutent et, faute d'avoir les réponses sécurisantes et claires qui leur sont nécessaires, elles développent un stress socio-identitaire qui trop souvent leur fait perdre toute aptitude à la réflexion.
Très vite, leur analyse oublie la nuance. La peur de l'avenir occulte la raison, cède le pas à la caricature, réduit les vrais problèmes, et les limite à un choix binaire. Ne reste que le blanc et le noir. La juste mesure n'a plus sa place, la voix des ultras triomphe de la raison, catégorise les humains. Un fanatisme de groupe sélectionne. Pour certains, les mots tels que Communistes, Athées,  Socialistes, Capitalistes, Religieux, sonnent comme des insultes. Les intégrismes s'arrogent le domaine du bien et diabolisent l'autre. Le phénomène est cyclique, en période de récession, chaque fois la société perd ses perspectives, elle s'agrège à sa peur, se met à disposition de tous les mysticismes, de tous les intégrismes, de toutes les influences. Hélas, souvent, quand le gourou devient roi, des foules subjuguées deviennent le terreau actif d'extrémismes politiques et religieux dévastateurs.
Oui, en période de désarroi, comme un animal blessé, la société développe une pathologie dépressive qui en fait un terrain de chasse, une proie. Cédant à  une pulsion simplificatrice, le ressenti de masse oublie la nécessité de confronter les idées. C'est la chasse au bouc émissaire. L'émigré, le Juif, le Coco et la haine sont au hit parade des subconscients vénéneux, le pétainisme n'est pas plus mort que le nationalisme ethnique ou religieux. Les conditions du vivre ensemble, qui sont la force et la gloire de la laïcité, deviennent, pour certains, obsolètes. Déjà, depuis des décennies, les fêtes chrétiennes de Noël, ou les fêtes laïques du 14 juillet font l'objet d'émeutes. Les influenceurs financés en roubles et pétrodollars fabriquent leurs gourous, le hooliganisme sort des stades, il hante toutes les manifestations de haine, l’humanisme républicain est en berne..
 
JMS Extrait de "Derniers paramètres de la conscience" (Essai à paraître)

 

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Rebond sur un article de Yvi Marlin à propos des couleurs

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

J'ai vu courir la rue et le son mat du cliquetis des bottes sous un des firmaments éteints. Je ne vois plus l'éclat de la joie. Le bleu profond de l'inquiétude côtoie le gris triste de l'avenir. À trop poudrer la douleur d'un soupçon de ciel, les couleurs mentent. On dit que rien n'est ni noir ni blanc, mais le sang reste rouge quand la haine est une prière. Laissez-moi douter et du noir et du blanc, les larmes n'ont pas de couleur. Quand le bonheur en sera une j'investirai dans la tendresse jusqu'à ce que les murs du futur perdent leurs barreaux. À regarder l'espoir d'un mauvais œil, la vérité fane et le printemps se ride. Et moi, en attendant, que voulez-vous que je vous dise, moi que l'on dit blanc et qui ne le suis pas, moi avec ma peau arc-en-ciel et ses humeurs d'ocre rosée, moi que la peur rend blanc quand je ris jaune, moi que l'âge blanchit et qui vois rouge dans mes colères noires, moi qui préférerais rester transparent dans un monde de haine où chacun cherche un bouc expiatoire, moi qui aime la couleur des frères quand elle s'appelle tolérance et respect. Que voulez-vous que je vous dise ?
 
 
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Présentation de Hillel Saint-Agnès : pseudo d'écriture de Jean-Michel Sananès

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Hillel Saint-Agnès représente une facette de mon écriture, il remplace mon nom : Jean-Michel Sananès poète-romancier,  pour devenir un quêteur de vérités historiques, scrutant et défiant les erreurs de l’Histoire et des mémoires héritées, trop  souvent sélectives et au service d'idéologies identitaires.

Mon livre, "Le chaînon manquant", est une étude où les synagogues de Jésus, que j'appelle "jésusiennes", renaissent de l'oubli. Ici, l’archéologie démontre la présence des disciples de Jésus disparus au VIe siècle éliminés par l'Église Romaine de Paul.

Sous le nom de Hillel Saint-Agnès, j'ai écrit également 2 autres livres.
"Jésus et mes frères, à la lumière des Manuscrits de la Mer Morte", qui visite les courants d'idées et confronte les Évangiles à des écrits similaires mais antérieurs de plus de deux siècles à la naissance de Jésus.
Dans mon essai "Qui a tué Jésus, le procès", écrit sous forme de pièce de théâtre, Jésus se trouve face à des Indiens, esclaves, gitans etc... qui ont été persécutés au nom de sa parole. Joute qui pointe les responsables et d'où le Jésus historique sort innocenté.

Ces trois ouvrages de Hillel Saint-Agnès opposent le Jésus historique à celui forgé par un irrationnel des mémoires millénaires.

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11 novembre

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Poste des Cascades

Souvenir 1914-15

essai

Sur cette photo "Le Poste des Cascades"

 


Un petit coin de France que mon Zouave de Grand-père
Et ses amis étaient venus défendre
 
Combien d’entre eux n'en sont pas revenus ?
 
***
C’était un temps où l’on partait fleur au fusil
C’était un temps
Où pour un pays
 L’on pouvait encore mourir d’amour
 
Combien de peur, de froid, d’attente
Entre l’enfance emportée, le vieil oued
Et l’apprentissage du désespoir
 
Combien de vies
Pour que le retour vienne
 
Grand-père était parti
Sans savoir les tranchées, la misère
Les symphonies du glas
 
Parti, sans se retourner
À l’épaule
 Une maigre besace
Du tabac à priser
Une identité française et des airs d’opéra
 
Au loin, un amour l’attendait
Sur le grand bateau
Il avait chanté la Marseillaise et la chanson des Africains
Au Nord, Verdun l’attendait
 
Il est revenu
À l’épaule
Une maigre besace
Un désespoir furieux
Et la triste joie des survivants
Rien d’autre que la boue et du sang
 
Il savait
Plus rien ne serait comme avant
 
Il savait
La candeur à jamais perdue
L’addition des années, les amis disparus
 
Il savait
Sur les cartes d’État Major
la vie
les hommes
ne pèsent pas lourd
 
Il savait
Chaque tombe
est un clou dans le cœur des vivants.

 

JMS

 

 

 

Publié dans JMS - A paraître

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Orphelin de la lumière

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Chercheur d'invisible beauté,
chercheur de l'or des transparences,
vais-je te ressembler ?
 
Quand aux méandres de l’intérieur,
grattant le ciel, encore je caresse le verbe,
la conscience agenouillée supplie mes neurones
de me délivrer une parcelle de céleste,
quand perdu parmi les orphelins de la lumière
le sens interroge l'éternelle Question :
"Pourquoi vivre ? ",
quand à approcher ma raison d’être
je tamise les odeurs du jour
et la frayeur d'être homme
fétu de paille égaré dans l'incertitude des siècles,
quand je me déchire sur les écueils
de la conscience,
qui donc me traverse ?
Qui donc hante la voix qui habite ma raison ?
 
Ego et illusion,
c'est l'ombre qui se met en scène
quand la raison trahit la conscience

 

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Adieu Verlaine, la beauté n'existe plus

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À déchire-sommeil, parfois une voix brusque le silence. Cette nuit, elle clamait : "Verlaine est moins important que Jenner, l'homme qui inventa le vaccin contre la variole !…". Venus d'un indiscernable ailleurs, tout aussi incongrus qu'un sucre sur une pizza à l'anchois, les mots se dandinaient quand une hydre loufoque glapit :
"Les mots de Hugo sont des piqûres de rappel contre l'indifférence, Cosette porte la besace de l'indigence face à l'arrogance des puissants".

Ne pourrais-je pas avoir le sommeil tranquille et rien d'autre à compter que des moutons ? Ne pourrais-je faire taire la voix d'un poème qui, paradant, se croit au firmament de la  pensée harmonique ! Ne pourrais-je pas bâillonner  le cri intuitif d'une conscience raisonnée qui mesure le bien et l'obscène ?

Je voudrais dormir, le sommeil nu, déshabillé des douleurs du monde, et rejoindre un univers où ma mère avait peur que la pluie me mouille, où vivre selon ce qu'elle appelait la morale ouvrait une conscience qui devait fabriquer l'homme de bien et l'avenir meilleur.

Où es-tu ma mère dans ce vacarme où les démons nourrissent leurs vérités, où le bien s'enferme dans l'archaïsme des conditionnements ? Encore, l'Empire romain affronte la Perse et la certitude chrétienne, le djihad. C'est une guerre des regards, chargée de bombes et de morts, le "wokisme" blanchit les "Dix petits nègres" au nom d'une légitime culpabilité et reconstruit une histoire à charge en oubliant l'impartialité, la traite transarabique qui a nourri l'esclavage et  l'histoire de millénaires cannibales. L'ignorance gomme les chronologies comportementales, les influenceurs refont l'Histoire, le hooliganisme politique fait son théâtre et s'empare de l’avenir.

M'as-tu menti ma mère quand tu me disais que les hommes étaient frères, que la laïcité était le bien commun qui faisait la République ?

Chaque nuit, mes rêves meurent à mesurer un désespoir impuissant face au poids des comportements induits par les subconscients millénaristes de cultures sociopathes où les hommes de Dieu confrontent leurs livres, affrontent leurs certitudes et veulent supprimer les vies incompatibles avec leurs inquisitions. Une morale nauséabonde affirme que certaines femmes ont des droits mais fait silence quand des millions d'autres sont sous le joug d'un patriarcat indigent.

Pour que la conscience renaisse, nous faudra-t-il tuer les dieux assassins, avec leurs inquisitions, leurs djihads ? Qu'en dis-tu ma mère ?

Loin du périmètre des certitudes, dans les banlieues d'exister, parfois je fustige l'arrivée intempestive de ces pensées nocturnes qui endiguent le chemin lancinant des silences où tarit la raison.

Mère, la beauté n'existe plus quand le crime règne.

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