Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?
Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?
Pourquoi efface-t-on la douleur du serf en regardant les hautes tours ?
Pourquoi chaque château, chaque route, chaque cathédrale
Hors des traces de burins ne portent-il pas un marbre funéraire
Au nom des réquisitionnés, des exploités, qui y ont courbé leur vie ?
Tais-toi, travaille et meurs petit homme,
à l'inflation de l’espérance, quand ton fils mourra il ne restera rien de toi
ils auront pris toute ta sueur pour en tirer leur gloire
N'y a-t-il que des généraux et des bouchers de l'Histoire dont on connaît les noms ?
N'y a-t-il que le poète qui soit comptable des misères et de la souffrance ?
Ce qui est, est-il moins important que ce qui restera ?
La braise du charbon, la grandeur du terril
font-ils oublier la répression des grévistes et les coups de grisous ?
Tais-toi, fais nos guerres et meurs petit homme,
à l'inflation de l'espérance quand tu partiras
qui se souviendra de toi ?
Ce qui est est-il moins important que ce qui restera ?
Quand tu partiras, petit homme
aux palais de leurs gloires il ne restera rien de toi
rien de ta sueur.