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Je courais, courais, courais

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand j'étais jeune

je ne savais où aller

je courais

après mon père

après ce chat qu'il me fallait apprivoiser

après cet alphabet qu'il me fallait dompter

je courais

après mon âge

et les grands qui partaient à vélo.

 

Seul, en attente d'être grand

à l'âge du duvet sur les joues

laissant mes mots au vestiaire

je courais après filles

dans l'infortune des timides

je courais les échecs et le spleen

je courais la rime

voulais être Rimbaud

sac au dos, je courais des rêves d'aventure

je courais après la vie

les amis, le travail, une raison de vivre.

 

Je courais, courais, dans l'odeur des casernes

courais après le temps

après les larmes, l'exil et le chagrin

dans les rayonnages du mot

à frontière de raison

de l'imparfait au futur je courais le verbe être

je courais après le temps

je courais je courais je courais

jusqu'à ce que s'ouvre ce chemin intérieur

où j'ai couru de mois en mois en mois

où j'ai couru de moi à moi

 

Je ne cours plus

j'ai trouvé de l'encre et du papier

des yeux d'enfants, des yeux de chats

si grands que j'y lis le monde

je ne cours plus

j'ai trouvé des êtres à aimer

plus grands, plus vastes que le champ des étoiles

et toutes les mappemondes du monde

je ne cours plus

je suis enfin arrivé chez moi

pour être, jusqu'à ne plus être.

 

Maintenant je sais

pour aller à soi

courir est inutile.

 

jms

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Je tutoie le Silence et la Question

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois,
quand je tutoie le Silence et la Question,
 j'écris aux jours qu'il me faudra passer sans moi
quand je n'aurai plus a tuer le temps,
quand l'amour sera en absence.
 
Un jour,
je serai un enfant de l'ailleurs
qui au matin se demande
"Où donc habite mon cri,
où suis-je quand je ne suis pas là,
où est-on quand la mémoire se perd ?".
 
Ne serai-je qu'un squatter d’oubli,
un rêve d'avoir été
frayant dans les goguettes du néant,
une particule désactivée se désintégrant
dans le ronronnement d'un Big Bang,
un écho d'univers
en errance dans le voyage de l’intemporel,
le souvenir d'un instant
traquant une image d'enfance ?
 
Ne serai-je qu'un mot qui se cherche
pour supplier le silence,
l'implorant de ne pas effacer
le sourire et la  voix de ceux qui m'ont donné une place,
de ceux à qui j'ai tout donné,
 de ne pas fermer la lueur d'amour
qui allumait  les yeux verts d'un chat,
de ne jamais égarer l'heure du café le matin,
l'odeur du pain grillé,
de ne jamais oublier les rendez-vous loupés
et cette attente de l'impossible,
quand, livré à la candeur,
aux envers de l’ombre je demandais :
"Crois en nous, sauve le rêve, l'enfant et la vie".

Encore, j'aimerais lui demander :
"Et si tu peux, sauve le rire,
le ciel, le bleu,
les jeux de mots, les calembours,
 le café du coin,
et tout ce qu'ici j’aimais.

JMS 13 Juillet 2024

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Partage d'un moment d'intime

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

À mon ami Mamadou Michel Atta
À toi, Frère au-delà des ans, et tes enfants pareils aux miens,
et à cette émotion quand ils m'appellent tonton.À toi mon ami, mon frère ce vieux poème qui t'était dédié :

Nous n'avons pas bu le même lait…

 

Nous n'avons pas été nourris des mêmes livres
Nous n'avons pas bu le même lait
Nous n'avons pas bu la même eau
Nous n'avons pas partagé les mêmes minutes.
 
Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Je te donne mon étoile et le ciel
Je te donne mes douleurs de terre et de sang
Et cet amour qui va d'Est en Ouest.
 
T'appelles-tu Seattle, Hugo
La Frenière, Neruda ou Beaucarne ?
Je te donne mes douleurs
Et la médiane de mes rêves
Les millénaires ne comptent pas.
 
Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Nous avons tous eu la même mère
Celle qui porte le vent et les nuages
Nous avons vu les mêmes étoiles
Nous sommes plus frères que frères.
 
La mémoire remplie du chagrin des hommes
Nous entendons gémir la terre.
 
Tous nous traversons les nuits du vent
Nous n'avons pas été nourris des mêmes livres
Nous n'avons pas bu le même lait
Nos veines saignent du sang
Et des douleurs du vent.
 
Un peu berbère un peu indien un peu arabe
Je te donne mon étoile et le ciel
Et cet amour qui va d'Est en Ouest
Afin qu'Hommes nous soyons
Hommes plus frères que frères
Sur cet arpent de vie qui longe les millénaires.
 
JMS - In "Plus frère que frère",
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Apprenti fantôme

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Apprenti fantôme
arpente ce bitume,
témoin de l'effacement de milliards de vies fossiles.    
Combien de millénaires sous tes pieds ?
Combien d'ancêtres en tes chromosomes ?
Et ce ciel qui se repose sur nous
et s'invente et se recommence.

Je suis l'enfant d'un jour de pluie et d'un nuage,
le rêve d'une fleur,
un plante qui marche,
de la buée et des larmes plein les yeux.

Où vas-tu apprenti ?
L'immense et l'absence nous attendent.
Seras-tu la fleur, le nuage,
pollen sous les ailes d'un papillon,
le soleil du dernier naufrage,
le premier gazouillis d'un enfant,
la larme où s'abreuve la vie ?

Si tu me cherches,
je suis l'enfant du verbe
et la brûlure du jour.
Appelle-moi,
je suis la question.

JMS 8 juillet 2024

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Article publié depuis Overblog

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

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5 juillet - 62 ans déjà

Publié le par Cheval fou (Sananès)

Ma maison d’autre mer est restée in-accostée
Mes rêves encore y naviguent dans une eau de sel
Mes yeux gouttent comme une mémoire de source et de regards perdus
J’ai du sable et des fissures de pierres dans le flot escarpé d’une enfance qui s’enfonce
Je piétine une obscurité de décennies qui grésillent comme des branches de palmier

Au matin, mon âme se perd dans de petits jours où les boutons d’or sont en exil
Dans la cadence apatride du cœur, j’arpente l’aigre du destin
Je palpe le cri mort du vent dans l’oued, je ploie les rides tristes d’un regard dépoli
Dompteur de chauves souris et de rêves interdits, j’accoutume l’oubli

Mes rêves naviguent encore
Et si le sel se noie, je me souviens la règle sur les doigts et le cri de la craie
Encore je me souviens de la couleur des joies et du partage des rires

Avant qu'on ne déterre le verbe partir et le rouge du sang
J’aimais l’ombre et la tanière des mots
J’aimais le vent et les cyprès

Loin de ma maison d’autre mer
J’ai vu valser les chrysanthèmes
D’hier à aujourd’hui, j’ai vu courir la vie
Et ceux qui en partent comme l’on divorce d’avec le jour
Encore mes rêves naviguent entre la pluie et l’insomnie.

Près de ma maison d’autre mer
Le temps trahit l’enfance
Il n’y a pas de retour
L’ivresse des prières déclame la mort
Jusqu’à la fin, il me faudra fissurer la pierre
En extraire des graviers de mémoires

Courir, écrire, me taire, sur les moiteurs de l’aube
Courir, écrire, se taire
Ne rien oublier n’efface pas la frontière

Je marche sur des cadavres de rêves oblitérés
Les territoires de l’exil enfantent la nostalgie
Mes yeux gouttent comme une mémoire de source et de regards perdus.

JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Éditions Chemins de Plume

1935, mon grand-père et ses amis

1935, mon grand-père et ses amis

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Quand j'étais jeune

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Quand j'étais jeune, je courais à la poursuite des étoiles,
au matin je me retrouvais seul,
des mots et un poème pliés au fond des poches.
Seul, planté comme un arbre dans sa solitude,
j'attendais que le rêve et l'infini me cueillent,
j'habitais l'âme d'un écureuil prisonnier d'un manège.
Les yeux de mon chat me rassuraient,
j'y retrouvais les étoiles.

Exister ne me suffisait pas,
j'attendais la Vie.

 

jms 1/07/2024

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