Parlons des chats !
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Aucune nuit n'est plus large que le rêve
Je voudrais être cet oiseau planant
loin de la lourdeur des temps,
ce goéland qui, venant d'une mer
aux vents hostiles,
pénètre le paysage,
le mesurant comme l'enfant
qui sonde la question.
Que doit-il voir en son maître :
l'homme, le savoir, la bienveillance,
sa propre taille ou son insignifiance ?
Je voudrais regarder la terre
comme le migrant et sa tribu
cherchant un rivage de bon accueil.
Scruter le monde avec un œil de pierre
qui, du haut de sa mémoire,
se souvient de la naissance de l'univers,
du combat du feu, de l'air, de l'eau,
dans le bruissement de cette vie première
émiettée en familles de vivants
et, à jamais mariée
à un devoir de vivre enseignant
le "tu meurs je vis", ses frayeurs d'auroch,
et l'apprentissage des violences faites à l'autre
pour manger, garder la terre, survivre
avec ses abattoirs, ses dieux et leurs armées.
Je voudrais être la mémoire du jour,
posée sur l'infini, contemplant le plus grand que grand
dans l'intégralité de sa dimension cosmique
et les profondeurs d'une nuit effrayante
où encore résonne le tumulte du Big-Bang
me demandant : Est-ce cela la vie ?
Je voudrais être une conscience galactique
scrutant la myriade des disparitions,
des naissances, et des mondes jamais advenus.
Être l'enfant à jamais attendu,
né d'une mémoire des millénaires
qui sonde un horizon multiple
et perçoit l'âme des paysages.
Être l'enfant
qui se sait unique et seul
dans un tissu de cellules
faites d'arbres, de terre, d'animaux.
Être celui qui se demande :
Es-tu là pour aimer la vie, la détruire,
la boire du regard de l'animal
qui en a fait sa maison,
la convoiter comme l'homme
qui se l'approprie ?
Je voudrais être un enfant posé
sur cette facette de l'Éternité
pour qui
aimer n'est en rien un projet
mais un état,
et caresser le vent, la terre, l'eau,
et y croiser son âme.
Combien de temps
la montagne a-t-elle attendu
avant qu'un homme ne chante
"Que la montagne est belle"
et qu'il la nomme par son nom ?
JMS
Avec mes amis poètes et romanciers,
je serai au salon du Livre de Nice
du 3 juin au 5 juin,
sur le stand L’ÎLE DES POÈTES,
afin de vous accueillir
et de vous présenter nos ouvrages.
JMS
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Pépins d’un même fruit, maillons d’une même chaîne humaine, nous cherchons tous la corde pour se pendre, la corde qui nous lie et nous ligote, du A de l’alphabet au Z de l’azur. Le corps de Sisyphe ne cesse pas de vieillir, ses gestes de s’user. Il ne cesse pas de pousser la même pierre, le dos courbé par les années, les mains de plus en plus saignantes, la pierre de plus en plus pesante, le ciel de plus en plus haut et la falaise plus basse. Il n’y a pas assez de rêve pour ma soif d’auteur. Le temps éponge sur les pages mon droit de bafouiller. Mes doigts ont beau se tacher d’encre, mes droits d’auteur ont mauvaise mine. Chaque matin me ramène à la faim.
Personne n’est né du Saint-Esprit, mais d’un sexe dans l’autre. Personne ne descend d’un dieu. C’est un veau d’or que les peuples adorent. Ils tricotent des bas de laine pour les morts et des mitaines pour les mains éclopées. Du moulin à café au moulin à parole, je broie du noir, le café noir des mots, les raclures de vie, les ratures, les épluchures, les restes de poubelles où se battent les rats. Ma souris farfouille derrière l’écran. C’est là que se prépare la fosse commune des livres. Déjà les algorithmes remplacent les voyelles, une mémoire virtuelle remplace les souvenirs de brosse. J’ai quitté les trottoirs pour des sentiers boueux, les néons pour la lune, des milliers d’hommes pour des milliards d’insectes, le foin en cash pour la monnaie-du-pape, le froid des lampadaires pour la chaleur des arbres, bêtise des culs-de-sac pour l’intelligence des terriers. J’écris la nuit à la lueur d’un cierge. Sa lumière éclaire à peine quelques lignes. J’écris et je m’endors. Je m’éveille quand les enfants ont peur et tiennent par la main une poupée de chiffon. C’est alors que j’embrasse les fées et caresse les anges. Leurs ailes translucides éclairent les cachots. J’ai mal aux éclopés, aux sourds, aux amputés. On a beau changer de chaise roulante, en améliorer le modèle, trop d’infirmes restent assis pendant que d’autres dansent.
Jean-Marc La Frenière
Pépins d’un même fruit, maillons d’une même chaîne humaine, nous cherchons tous la corde pour se pendre, la corde qui nous lie et nous ligote, du A de l’alphabet au Z de l’azur. Le corps de Sisyphe ne cesse pas de vieillir, ses gestes de s’user. Il ne cesse pas de pousser la même pierre, le dos courbé par les années, les mains de plus en plus saignantes, la pierre de plus en plus
http://lafreniere.over-blog.com/2022/05/des-bas-de-laine.html
L'amitié, c'est l'ami dix fois perdu, dix fois retrouvé,
et les temps égarés venus renaître
l'espace d'un instant.
L'amitié, c'est ce sourire étonné
qui regarde nos vingt ans,
c'est se rappeler les minutes arrêtées
aux terrasses du "Félix"
à regarder les mêmes filles.
L'amitié, c'est savoir les heures
des vains ans égrenés sous un uniforme,
c'est te revoir, potier à La Turbie,
et revoir mon carton à dessins
empli d'espoirs froissés.
L'amitié, c'est avoir laissé tourner l'été
l'automne, et la roue,
et nous revoir au temps des mots de l'immense,
toujours prêts à agrafer des utopies à nos discussions,
c'est encore retrouver, dans de vieux disques,
l'odeur de soixante-huit et l'envie de refaire le monde.
L'amitié, c'est toi mon ami
revenu d'un bout du monde,
portant sur ton dos des décennies épuisées,
c'est toi, revenu pour me dire
que les regrets et l'amitié
ne meurent jamais.
jms21/05/22
Pour ceux qui ont lu "Sucre Amer", il s'agit de mon ami Arthur
Quand je ne suis pas où je vais
j´ai la tête ailleurs
peut-être parce que je suis mal
dans mon siècle
Pas étonnant
hier j´ai perdu trois-quart d´heure
le sourire et un chat
aujourd´hui j´ai gagné trois minutes
et cent grammes
je ne sais plus quelle heure il est
je me cherche
sans savoir si je me trouverai.
in "De moi à moi" 2028
* Émission télévisée populaire* Émission télévisée populaire
Tu as laissé
ton nounours
ta peau de bébé
ton avion
et ton cœur d’enfant
pour de l’encre bleue
et une plume
à fixer le savoir
Tu as troqué
ton impatience
ta mémoire crédule
tes sourires lisses
et tous tes rêves à forger
pour un banc d’école
Là, tu as demandé
l’espérance et des certitudes
Tu as demandé
la beauté
le chemin droit des vérités
et tu n’as rien appris des choses de la vie
Tu as jeté
l’encrier
l’encre bleue
le papier
les rêves à forger
ton cœur d’écolier
Tu as pris ta besace
ton grand cœur de vingt ans
ton âme de musicien
tes rêves de justice
Tu es allé chez les marchands de rêves
là, tu as demandé :
Le Bonheur
le petit homme a rigolé
et le gros aussi :
pourquoi pas du bonheur et du pain
des amours et du rêve ?
Enfant déraisonnable
pourquoi ne pas demander la lune
les étoiles ou le ciel ?
Tu as repris ta besace
ton grand cœur de vingt ans
ton âme de musicien
tes rêves de justice
il n’y a rien dans ta besace
rien pour ton cœur grand ouvert
rien pour tes chants d’amour
rien pour tes rêves d’égalité
Te voilà seul et bredouille
Nul
n’engrange plus de rêves d’absolu
Maintenant tu sais
tu sais la vérité :
le bonheur
le pain
le rêve et les amours
ne sont pas à portée de tous
Qui voudrait embrasser le monde
serrer dans des bras fraternels
les enfants de Bangkok, de Nairobi
ou d’ailleurs ?
Qui voudrait serrer dans ses bras
les ouvriers de Lahore, du Bangladesh
ou d’ailleurs ?
Qui voudrait embrasser les déshérités
de Paris, d’ici
ou d’ailleurs ?
Qui, sans laisser sa conscience
pourrait sans pleurer ou hurler
croire que le Bonheur est d’ici !
Il n’est ici-bas
que des bonheurs partiels
toute révolte rentrée est trahison
de par le monde
les hommes vivent et ne sont pas heureux
Seuls certains plaisirs se croient bonheur
la vérité a vocation anarchiste
La vérité est rêve de mutants.