Des questions, des questions, des questions… et moi !

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Des questions, des questions, des questions…
Ça parle dans ma tête, ça parle autour de moi, tout le monde parle, la rumeur, la TV, le Net et le moins net. La France fait des projets, les Ukrainiens, les Yéménites, et d'autres meurent, et comme partout, le monde parle, parle, parle, alors que les consciences se taisent. Si fort, que je me tais à haute voix, sur un papier aussi blanc que la fusion des couleurs quand les rêves se ferment. Des voix se débattent et débattent en moi. Ma République avait réponse à tout, mais chacun maintenant prêche pour sa paroisse, la vérité n'est plus qu'une périphérie d'opinion.
Comment croire à un débat ouvert en milieu fermé, dire la vérité à mi-mot et offrir l'autre moitié au mensonge sans se contredire ? Dans ce brouhaha, l'oreille fine n'est-elle pas trop fine pour tout entendre ? La clameur est immense et partisane. Comment croire que la poésie parle à tous dans un monde de sourds où seule l'ineptie se beugle aux infos de 13 et 20 heures, et où chaque jour la mort fait son spectacle ? Partout la vérité s'agite comme un canard blessé qui gesticule sur le dos.
À regarder le film du jour, voulant me croire fin, je me cherche parmi les déclinaisons de la raison. Mes sentiments chahutent quand, seuls, le doute et la colère me parlent. J'aimerais écrire gras, épier le ciel pour y jeter des mots sur les maux du monde. Je voudrais déraciner l'alphabet, l'agenouiller au pied de la première lettre, supprimer les virgules pour voir avancer le jour, ne plus gravir l'Himalaya pour y chercher l'anguille sous roche, l'aiguille dans le fumier, et me dire que le monde est beau sans plus jamais me prendre la tête. J'ai tant cru à la beauté que parfois j'aimerais l'apercevoir, mais comment me dire que tout va bien quand les neurones des Français semblent partis en vacances au Mexique avec "Les Marseillais"* ! Je me rappelle l'impertinence du mot avant que l'on ne le soumette à la flagellation de l'audimat. J'aimerais être un papillon qui tourne près du feu sans savoir qu'il va se brûler les ailes, et partir sans en avoir mal. Qui donc m'a appris l'espoir, à aimer la beauté tranchante des vérités ? Chaque jour je la vois dans ses chaînes, on la fabrique, l'apprête, la rend attractive. La laideur brille au soleil et chacun applaudit.
Des questions, des questions, des questions… Où sont donc les réponses ?
Je n'ose plus me parler, rêver de lendemains, affirmer que l'avenir est lumineux. C'est un temps d'obscurantisme où la vertu nationaliste se fait au prix du sang. Que me dire, que me répondre, quand le professeur Macron fait son tour de table pour jouer les savants, vante l'innocuité de l'atome et de ses rejets dans les millénaires à venir. J'ai envie de ne plus rien entendre. Que dire de sa police qui, bien qu'en possession de l'empreinte coupable, laisse courir le carbone, laisse fondre la banquise comme une boule de glace italienne au mois d'août. Personne ne sait rien, le Net m'adresse des photos de femmes, des demandes en mariage, comme quoi, ils ignorent tout de moi, aussi fortement qu'ils occultent la face cachée du numérique, des QAnons, des conspirationnistes, de la désinformation, des criminels en costard et des narcotrafiquants et de leurs amis planqués en paradis fiscaux ! Le Père Noël, et Monsieur "je sais tout" le grand chef des chefs, orchestrent les rêves et les désespoirs. Peut-on se faire tout petit quand on a la grosse tête ? Peut-on regarder d'en haut le peuple d'en bas et croire que d'un monologue on peut faire de hauts débats ! Comment taper dans le mille sans taper tout le monde ? Pourquoi "La conjecture de Poincaré" (énigme mathématique) a-t-elle un centre et pas de bord, alors même que, chez nous, la gauche perd son centre, oublie l'humanisme, la laïcité, son enthousiasme, mais retrouve sa voix ? Une voie qui va où ? J'ai vu les gilets jaunes déserter les boîtes à gants et s'échauffer quand le fioul est à la hausse, j'ai tout vu, et la question se pose : pourquoi la démocratie nous fait-elle élire par défaut celui qui en a le plus ?
Enfin, pour certains, tout va bien depuis que l'humanisme capitaliste cote en Bourse les EHPAD et que la dépendance devient une valeur boursière ! Que dire de la Sécu qui se joue de ma santé ? Mon rire est en déficit quand grimpe l'inflation !
Trop de questions ! Trop de réponses, trop de doutes et de poisons sur le chemin. J'ai faim de tout savoir, et mon estomac dans les talons pose problème aux médecins. Sans en faire tout un plat, je ne sais que faire sinon arrêter de me parler, de nous parler, je deviens trop nombreux quand la question m'agresse. Alors je ferme ma tête, je ferme ma gueule, et je reste seul avec un moral de bois qui me coupe du monde, me coupe de moi ; et je planche à en avoir la tête au carré.
JMS

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I
Cher Jean-Michel, Souvent hélas, je partage ta désespérance malgré ma foi en un Dieu qui semble nous avoir oublié, ce qui fort heureusement n'est qu'une fausse sensation. Au milieu des noirceurs de ce monde, et malgré elles, des humains ne se laissent pas abattre par la triste réalité, et le film documentaire vu et partagé hier soir à La Maison des Etudiants à Nice, " NOUS TOUS", dans le cadre de" la journée Internationale du vivre ensemble en Paix "( à l'!nitiative du Cheik Bentounès) redonne, renforce l'espérance d'un monde meilleur. Je conseille à toutes et tous de voir et revoir ce documentaire émouvant . Je t'embrasse bien cordialement, sans oublier Paulette.
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