Ile Eniger
Ta voix flotte encore. Je la touche. J'écris dans ton empreinte comme dans un carnet. À la fenêtre, un cri. Un cri exubérant
piqué au crépuscule. Puis rien. Une porte qui claque. Je reçois des odeurs, mandarines, fruits verts, amande douce. L'air sent la frangipane. Un plané de mouette vérifie l'horizon. Sur la pierre
tranchée où s'aiguise la nuit, le blanc marie le noir à un morceau de mer comme on se jette à l'eau. J’entends ta voix bien après les paroles. Je suis du doigt la partition. Sa mémoire est
humide. Elle nettoie l'absence.
Extrait de "Bleu Miel", Editions Chemins de Plume/poésie