Rue Cortot
Était-ce ici, était-ce ailleurs ?
un jour qui vient, une nuit qui part ?
Sur un kiosque à journaux
Brel émaillait le paysage
une femme sentinelle, frontière d’horizon,
essorait l’envers d’un regret.
Sous un ciel sans croissant
s’effaçaient les cantates de Thibhirine,
un rire piétinait les rêves d’Anne Franck.
Était-ce à Ostende ou bien ici ?
Dans cet entrelacs où périssent les Poulbot,
Léo habitait la rumeur et encore se demandait
"Si c'est utile
Et puis surtout si ça vaut l'coup
Si ça vaut l'coup d'vivre sa vie."
Loin de La Tamise
la voix de Radio Londres se dissipait,
rue Cortot sur un flot des pavés
le siècle fermait ses utopies.
Était-ce hier ou maintenant
Étais-ce une nuit qui part, un jour qui vient ?
Quai des revers de vie et des regards perdus
dans un ailleurs où la mémoire s’assombrit
un train plombé de souvenirs déchirait la brume.
L’heure demandait :
Où vont ces voix, où va la vie ?
Nul ne savait
s’il était encore bon de rallumer le jour.
Était-ce ici, était-ce ailleurs ?
Était-ce un jour qui vient, une nuit qui part ?
Rue Cortot le siècle me faisait mal.
JMS sur une photo de Robert LOÏ