Scaphandrier de la déraison II
Je cherche parmi des questions sans réponses, parmi les visages et les noms inoubliés, mais combien de noms perdus pour un sourire retrouvé ? Je suis à jamais une réminiscence du futur !
Sur les ailes d'un cerf-volant, j'ai croisé des nuages d'Où-Est, des frayeurs d'Orient et le délire d'un kangourou qui traquait des carottes de trois mètres de haut. Est-ce cela le Nirvana : un lieu ailleurs et nulle part ?
Mon rire et la frayeur partout s'embusquent, partout comme une autruche qui voudrait capturer un éléphant.
Ne devrais-je pas arrêter de sortir la nuit m'enquérir de ce qui se dit dans mes rêves ? Je voudrais un silence carré et incontournable, mais qui calme la question quand le passé t'interroge ?
Léo mon chat vient de rompre ma réflexion, si bien qu'elle s'est faite aussi infime qu'une étoile effrayée par un trou noir ou le cri blanc d'une nuit qui se retirerait pour faire place à une mariée de Chagall. Ma pensée s'est brouillée. Vainqueur involontaire, le silence s'est rengorgé d'irisations musicales, discrètes, mais aussi décelables que le rouge au front des timides. Féérique ! L'instant est si féérique que si un papillon, en guise d'applaudissements, n'avait klaxonné j'aurais bien pu croire que je rêvais.
Quand la nuit me griffe, je voudrais voir en moi, trouver une fenêtre sur l'intérieur mais rien, rien que le glauque d'une résignation ; rien, jusqu'à ce que l'usure de l'attente libère quelques copeaux de passé. Cette nuit encore, je n'ai pas su refermer les jours, certains étaient d'un gris si touffu, qu'il m'a fallu les tailler comme de la mauvaise graine. Quand les pensées se fanent, la rosée est amère.