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Scaphandrier de la déraison II

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je cherche parmi des questions sans réponses, parmi les visages et les noms inoubliés, mais combien de noms perdus pour un sourire retrouvé ? Je suis à jamais une réminiscence du futur !
Sur les ailes d'un cerf-volant, j'ai croisé des nuages d'Où-Est, des frayeurs d'Orient et le délire d'un kangourou qui traquait des carottes de trois mètres de haut. Est-ce cela le Nirvana : un lieu ailleurs et nulle part ?
Mon rire et la frayeur partout s'embusquent, partout comme une autruche qui voudrait capturer un éléphant.
Ne devrais-je pas arrêter de sortir la nuit m'enquérir de ce qui se dit dans mes rêves ? Je voudrais un silence carré et incontournable, mais qui calme la question quand le passé t'interroge ?
Léo mon chat vient de rompre ma réflexion, si bien qu'elle s'est faite aussi infime qu'une étoile effrayée par un trou noir ou le cri blanc d'une nuit qui se retirerait pour faire place à une mariée de Chagall. Ma pensée s'est brouillée. Vainqueur involontaire, le silence s'est rengorgé d'irisations musicales, discrètes, mais aussi décelables que le rouge au front des timides. Féérique ! L'instant est si féérique que si un papillon, en guise d'applaudissements, n'avait klaxonné j'aurais bien pu croire que je rêvais.
Quand la nuit me griffe, je voudrais voir en moi, trouver une fenêtre sur l'intérieur mais rien, rien que le glauque d'une résignation ; rien, jusqu'à ce que l'usure de l'attente libère quelques copeaux de passé. Cette nuit encore, je n'ai pas su refermer les jours, certains étaient d'un gris si touffu, qu'il m'a fallu les tailler comme de la mauvaise graine. Quand les pensées se fanent, la rosée est amère.

 

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Scaphandrier de la déraison III

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

La nuit est une errance, Café du Souvenir, je me suis vu manger des crêpes non loin de la Huchette, la musique était absente. Pourtant, dans le miroir de l'absence, j'ai croisé deux amis perdus en un temps de bousculade et de bruits de guerre, j'ai joué à "ami y es-tu ?" sans savoir s'ils en sont revenus.

Je ne bois plus l'eau de feu, certains rêves brûlent plus que de l'acide sur la peau, je ne crois plus que les fabricants de loukoums brodent l'avenir, un Président les a pendus. Mais rien n'est jamais fini, encore je retournerai aux hiers pour leur porter des fleurs. Parfois l'odeur d'une angoisse me percute de face mais Léo mon chat est là, à griffer mes douleurs. Rien de tel qu'un peu d'amour pour réparer le passé. Parfois mes rêves ne trouvent pas la sortie. L'éveil, en rien ne peut être une clef, il y a si longtemps que je le sais. On ne voit bien que dans ses rêves. Qui perd ses rêves perd le chemin.
La route aux éléphants chante si fort qu'hirondelles et corbeaux me poursuivent, je marche entre le vent et les étoiles. Encore, je ne suis pas assez passé pour ne pas rester.
Dans la mer aux souvenirs, mon stylo est scaphandrier

jms

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Parent-thèse ?

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

La mort dansait
quand elle m'ouvrit une parenthèse,
fou-thèse a dit le vent,
je le sais un jour une nuit de plomb la fermera.
Tu n'es que la croyance d'être,
un rire qui se cherche entre des jardins d'étoiles,
ne perds jamais de temps, la parenthèse cèdera,
le sablier est de verre,
mais le sable ?
Le sable, regarde-le glisser dans le carcan des éternités.
Cours, cours petit,
ne te couche pas,
pas sur tes rêves,
la pendule toujours grince des dents quand ton regard se détourne.
Cours, cours entre les étoiles et le ciel,
le jardin n'est qu'un champ que les minutes te prêtent.
Cueille, cueille, bois la rosée,
le temps te divise,
hier est un antérieur du verbe être.
Cours, cours petit,
si grand que tu sois, les heures te rétrécissent.
Cours, cours comme un oiseau dans la forêt en feu,
le ciel est une barrière,
as-tu vécu ailleurs que dans ton souvenir ?
Réveille-toi, vivre est ton mirage,
tu te calcules dans le futur,
tu te divises en décennies,
crois-tu au siècle, crois-tu en toi ?
Tu Me crois l'œil, tu me dessines dans un triangle,
tu Me prends pour la mesure,
tu triches pour ne pas me croiser,
il te faut prendre, prendre, et prendre tout ce que tu peux
avant la sortie
mais garde un rêve,
un rêve pour la fin et un os pour la parenthèse.
Cours, cours petit,
tu n'es que la croyance d'être,
un rire qui se cherche entre des nuits d'étoiles,
ne perds pas une minute, pas une seconde,
la parenthèse cèdera.
Le vent crépite comme une mitraillette,
cours cours entre les balles,
tu te rappelles ?
Vite un nom : s'appelait-elle maman ?
Je me rappelle,
je me rappelle l'enfance
mais je garde un rire coincé dans ce jeu de parenthèses,
fou-thèse,
mon ombre me ressemble
comme un espoir et sa désillusion.
Cours cours entre les balles,
l'espoir est ton opium, l'absence ton avenir.

jms

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Lendemain de mariage à Kaboul

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

22 heures,
le 18 août,*
la musique cessa.
On essora la joie jusqu'aux larmes.
Une odeur de vies arrachées
se répandit sur les immondices de la ville.
La mariée hurla
à l'heure où la mort se leva.

Sur les heures arrêtées
la douleur et l'horreur se répandirent.


Le 19 août,
la mort n'était pas encore couchée,
elle marchait sous un voile noir,
quelques versets oblitéraient les consciences,
on avait enseveli les cœurs.
Partout où elle passait, gisaient des innocents.

Le 18 août,
le jour où la mort s'était levée,
j'aurais tant aimé qu'elle n'eut ni livre, ni mains, ni armes,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit que celle qui délivre
des douleurs de l'âge et des misères du siècle,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit pas l'otage de déments
aveugles et sourds aux droit à la vie et à la liberté d'être.
J'aurais tant voulu qu'ils n'aient rien oublié de l'amour,
de l'entraide, de l'altruisme,
qu'ils aient étés nourris de promesses, d'espoir et d'avenir.
J'aurais tant voulu qu'ils ne soient jamais devenus ces bourreaux voleurs de vie.

Le 19 août,
ici ou ailleurs,
un jour, j'espère
qu'encore la vie s'éveillera,
plus forte que les ténèbres,
plus haut que la parole des livres.

Je voudrais,
ce jour là,
qu'elle soit fille de la colombe et de ce ciel
où naissent la parole et la conscience.
Je voudrais l'entendre parler comme on chante,
qu'elle soit de mains tendues, d'eau à puiser, d'enfants à nourrir,
de rêves à sauver, de terre à réparer.
Je voudrais qu'elle nous parle et nous enchante
de promesses d'avenir, d'enfants, d'écoles et de jeux.

*18 août 2019 - Kaboul. L'attentat lors d'un mariage a fait 63 morts et 182 blessés

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Une odeur de ronces

Publié le par la freniere

Cet article est reposté depuis LaFreniere&poesie.

Une odeur de ronces

Publié le par la freniere

J'avance dans une odeur de ronces et de pommiers sauvages. J'atteins un ravage de chevreuils. Des éoliennes s'agitent dans le pays du vent. Leurs bras bougent comme des hélices. Je cherche le mot juste, le polit, le triture, le sculpte comme un os. Je me bats avec des phrases rebelles, des virgules hébétées. Je fais le ménage dans le taudis des paragraphes. Je passe le chiffon sur la table des matières. Je passe le balai sur le plancher des phrases, les toiles d'araignées sur le plafond du monde. Les mots sont devenus pour moi plus que la vie elle-même. L'encre a parfois le goût métallique du sang, la consistance du sperme, un goût de sève amère, l'odeur chaude du goudron. Il y a des arbres cachés entre les mots, des vaches qui ruminent, des ailes d'hirondelles qui découpent le ciel, des rivières, des fleuves, des pays tout entiers. L'odorat se promène entre l'odeur d'urine et celle du lilas, l'âcreté du désinfectant et la douceur du pastis. Je fais le mort en écrivant, mais je revis entre les lignes. Face à la lumière ou à l'ombre, on est moins seul avec des mots. On est plus ou moins nus avec des phrases sur la langue. On est plus ou moins fort dans le ring du cœur et la maison de l'âme. Sans crayon dans les mains, je me sens démuni. J'ai le souffle à bout de course. Mes jambes sont de coton. Une meute de cauchemars me mord les orteils. Les griffes de l'angoisse me déchirent la peau. Une scie me traverse le ventre. Malgré tout, les mots tiennent debout et soutiennent ma vie. Mes véritables amis ce sont les mots. Je couche entre les pages d'un livre, celles d'un dictionnaire. Les mots et les phrases s'habillent d'alphabet. De l'encre saigne dans mes veines. Je lance les mots très loin ou les empile dans un cahier. Je les arrache de moi.

 

On n'entend pas les gens écrire. Le crayon rend mutique. Tout se passe dans la tête et les tripes. Les phrases bougent au bout des doigts. Quand on se sent vide, il y a toujours des livres pour meubler le silence, des tableaux pour se rincer les yeux, des poèmes pour remercier la vie. La marche sur la neige est cousue de fil blanc. La lumière est partout, en suspension dans la poussière de l’air, les trous noirs, le blanc des yeux, le noir de l’encre sur la peau du papier. En cherchant la gare de l'âme, un train fantôme me traverse la tête. Qu’on me donne une pelle je creuserai dans l’humus des mots. Qu’on me donne un briquet, je ferai fondre la glace des images. Qu'on me donne un pinceau, je laverai les taches laissées par l'homme. Qu'on me donne des raquettes à neige, j'enjamberai l'hiver dans les pas d'un yéti. Qu'on me donne du miel, je nourrirai les ours. Qu'on me donne un bourgeon, je viendrai au secours des arbres. Qu'on me donne un sentier, je parlerai aux bêtes, aux oiseaux, aux tilleuls. Qu'on me donne des ciseaux, je découperai le ciel. Qu'on me donne les sept vies d'un chat, je ronronnerai sur un ventre de femme. Qu'on me donne le chas d'une aiguille, je trouverai le fil. Qu'on me donne un bout de laine, j'en ferai un mouton. Qu'on me donne une chance, j'en ferai une chanson. Qu'on me donne un seul mot, j'en trouverai mille autres. Je ferai une maison avec une caisse de livres, une table des matières pour casser la croûte. On commence par déboiser l’Amazonie et on finit par tuer les Indiens et les bêtes qui l’habitent. En ville, les tueurs d’enfant finissent sur un entrefilet, les poètes en prison, les hommes d’affaires députés ou ministres. La beauté sauvera-t-elle le monde? Au moins, elle allège l'angoisse.

 

Jean-Marc La Frenière

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Le courage de rêver

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Je l'ai connu cet enfant

qui s'était levé à la vie

sous le regard désapprobateur du maître,

sous le sarcasme des têtes droites.

Je l'ai vu marcher,

pour seul bagage le courage de rêver

pour toute force celle de croire à son cœur

si fort qu'il pourrait tracer sa route

quel que soit le chemin de la meute

et quel que soit le regard des donneurs de conseils.

Je l'ai connu cet enfant

qui se devait de porter la persévérance du rêve,

je l'ai vu préférer la misère de l'humble

et la fragilité de la barque sur l'océan

à l'autoroute des arrivistes,

je l'ai vu qui croyait qu'avec un crayon et de l'encre

on peut affronter des dragons.

Je l'ai connu cet enfant

qui préférait mourir à l'aurore de sa conscience

que de vivre loin de son cœur.

 

jms

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