Chante l’oiseau de rêves
Chante l’oiseau de rêves
Duvet de songe oblitéré dans l'apesanteur crépusculaire,
le rêve congédié d'un oiseau encagé, tambourine.
À perce sommeil, Mozart insulte le silence et la mort,
orchestre une fugue céleste où ombres et présences,
images et voix, à peine libérées, résonnent.
L'ailleurs brise les barreaux de l’oubli,
convoque l'interminable attente de l’espoir,
inaltérable sourire de vies oubliées,
oubliées comme ce perpétuel chagrin,
sans que nul, jamais, ne s'en aperçoive.
Tournent tournent les jours égarés,
chantent chantent l'oubli insoumis et l'enfance qui me hante.
La mémoire est un oiseau en cage.
Navire de mots posés sur l'aile des siècles,
quand au tourne-temps des mirages,
les contrebandiers de l’ailleurs
parlent aux habitants d'un moi-même qui se cherche, j’enrage,
combien d'entre eux se sont perdus au naufrage des illusions ?
Vagabond du siècle en quête d'une ombre qui me ressemble
j'ouvre les tables d'un temps où hier et maintenant se culbutent.
Ma vie est-elle là-bas,
est-elle ici dans cet occis-temps
où mes ongles se brisent à rogner le miroir
et à gratter les lueurs de mondes perdus ?
À la complainte des derniers crépuscules, chante l’oiseau de rêves,
duvet encagé au mensonge d’un jour qui chante les contretemps
de ces autres temps où l’avenir s’enfuit.
JMS