Le vent de l'ailleurs t'appelle... ma mère

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

L'été s'est arrêté aux fenêtres
De minces filets de lumière déchirent l’ombre
L'heure ralentit
Venues de l'ailleurs du vent
De vieilles inquiétudes et de vieilles joies s'attardent
Venue de l'ailleurs du vent
Ma mère est là

Dans un pathétique tête à tête
Où la vie passe à contrejour
L’espoir et le néant
Orchestrent les métamorphoses de l’invisible
Sa main dans ma main
Ma mère s'agrippe à des heures incertaines

Encore une fois un oiseau s'est posé entre mes doigts
Son regard émiette des images et des odeurs écornées
Déconnectées de l’espérance
Une moisson de souvenirs joue la jachère
Ses rêves ont tant pâli
Qu’ils émergent d'un silence d’iceberg
 
Ses joues sont froides
Nos cœurs se glacent

Remonte un temps ancien
Où déjà mon père avait accosté ma main
Avant que son regard ne se dissolve
Dans un crépuscule de regrets
Et d'insipides espoirs

Ma mère est là

Et son cœur cogne
Elle a peur et me demande de la suivre
Que répondre à ce projet d'éternité à deux ?
Que dire à une main qui désarrime sa force et se cramponne ?
Que dire au désarroi
Et à cette ombre où grince la permanence des douleurs ?
 
J'ai peur
J'ai peur des tumultes inoubliés
 
Une petite fille n'en finit pas de chercher un père
 
J'ai peur
J’ai peur de ses peurs
J'ai peur de ma peur
 
Reste, ne me lâche pas, me dit-elle

Main dans ma main
Ses mots muets me claquent aux yeux
Plus forts que la prière  
Que t'a-t-on volé ma mère ?
Qui éteint la lumière ?
 
Et les cieux !
Où sont-ils, si près, si loin de ce lit ?
 
Ma mère murmure
Ses mots s’évadent
Un pâle sourire griffe mon âme
Ravive des temps que je ne saurai oublier
 
N'aie peur de rien, ma mère
Où que tu ailles
Un jour j’irai
Le présent n'a pas de cage.

 

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