Ile Eniger : La part du pèlerin
La part du pèlerin
Dans quel monde vivons-nous qui ne sait – ne veut - rien voir, entendre, dire, qui ne soit sous la férule de la grande illusion ? La folie destructrice de l'homme court à son apogée. Indifférente, laxiste, accommodante. Partout des leurres. Le culte suprême du plaisir, ronge. Il n'y a pas de petits écarts, même les plus anodins (ceux que l'on s'accorde comme les plus anodins), modifient la vie. Chacun est vecteur de la route. Rien ne peut changer sans décider de faire d'abord en Soi. La part du pèlerin. Le monde va mal parce l'humain va mal. A mal fouler le raisin, le vin vire au vinaigre. Aucun discours, velléités, duperies, réseaux miroirs aux alouettes, ne réparent la part manquante. Seuls les actes d'un simple amour journalier cultivent le meilleur pour tous. C'est par l'infinie transparence et la proximité d'êtres qui s'aiment que la vie sera aimante ou ne sera pas. Nous sommes responsables du monde que nous laisserons à nos enfants, nous sommes responsables des enfants que nous laisserons au monde. Voilà pour la réflexion du jour ! Maintenant, je me rends au silence des arbres, à la messe des herbes dans le grand champ naturel. Leurs présences sûres, réconfortantes. Allons, le jour a ouvert sa galerie d'art, la gratuité de la merveille donne le vertige. Le bon vertige. Celui qui ouvre le travail d'équilibre. Nous avons le monde que nous méritons. Le labourage à ensemencer commence dans l'âme de chacun. C'est dans la rencontre exacte du vertical et de l'horizontal que le point de conjonction met en place la levure du vivre dans la joie. L'amour est une terre cultivable.
Ile Eniger - Le monastère de l'instant - (A paraître)
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