Mon chien dit
Mon chien dit :
Le loin n’est pas plus lointain que le proche que j’ignore
Si loin que tu sois
Tu es là
Quand tu ne me vois pas
Je suis nulle part
La distance vraie ne se chiffre qu’à la douleur du manque.
Aucune nuit n'est plus large que le rêve
Mon chien dit :
Le loin n’est pas plus lointain que le proche que j’ignore
Si loin que tu sois
Tu es là
Quand tu ne me vois pas
Je suis nulle part
La distance vraie ne se chiffre qu’à la douleur du manque.
Quand on me revêtira
de cette robe à la taille de la nuit
à la mesure de mes silences
Quand j’aurai eu mon comptant
d’oxygène et d’heures
Quand après avoir été présent
il me faudra crier absent
Quand j’aurai été,
quand cette robe
à la taille de la nuit
à la mesure de mes silences
sera ma dernière maison
Vous serez mon sourire d’éternité
comme les yeux verts d’une chatte
comme griffe de satin
comme un frisson du vent
qui agite des ombres
comme un frisson dans le vent
repeindre mes regrets
effleurer les myosotis.
JMS - in "Cheval fou" - Editions Chemins de Plume
Il n'est pas d'heure chez les moineaux
ça baigne chez les poissons
ça danse dans les basses-cours
court le vieux fermier
court le couteau à la main
Je ne suis pas dans mon assiette
fait pas bonheur chez les perdreaux
je cours comme un bélier
j'ai peur du vieux fermier
je compte mes abatis
Des cris de mouettes ivres fouettent les baleines
je ne veux pas chanter
la litanie des vieux bergers
Je suis fou à lier
je veux danser rire aimer
Pas d'heure chez les moineaux
ma vie n'est pas d'équerre
elle est de courbes et de tangentes
j'ai pris la mauvaise voie
plus aucun soleil n'habite mon trou
Du plomb pour les perdreaux
c'est sûr
ma vie n'est pas d'équerre
De haut et de bas
elle court comme un torrent
elle coule en encre vive
elle est de pleins et de déliés
elle court à plein récit
Bélier fou
dans un monde cannibale
je caresserai le verbe aimer
comme une eau vive
à plein récit
Jusqu’au dernier récif.
JMS - In "Plus frère que frère" - Editions Chemins de Plume - 12 Euros
Il est midi
Longtemps j´ai été sous des soleils de plomb à creuser une mémoire funéraire, à vouloir ouvrir les chapes et les cercueils de plomb, à voir suinter les silences étamés qui enferment le rire. Trois plombes que j´attends les horizons légers.
Où étais-tu toi mon oiseau à mine de plomb blotti dans ma main, cherchant une inspiration terne et plombée, danseuse enfermée dans ses chaussures de plomb et de désespoir, tu te dissimulais ?
La vie ce n´est pas ça, quand enfin te mettras-tu du plomb dans la cervelle ?!
La vie et ses ronrons, ses rataplombs, son moral de plomb ressemble à une escale en enfer. J´en plombe mes soirées de gin et de vodka, m´endors d´un sommeil de plomb, pleure des larmes de plomb. Je suis à deux doigts de péter un plomb, de me jeter dans la Seine moi qui nage comme une semelle de plomb.
Hélas, je ne suis qu´un soldat de plomb qui étouffe son cri sous un ciel plombé. Me flinguer d´une balle de plomb, je manque d´aplomb, ma vie n´est pas d´aplomb. Il me faudrait changer, laisser le plomb pour le fer et tout refaire. Avoir un moral de fer et d´acier, ne plus me laisser scier, chercher la dame de fer et trouver l´été. Ne plus arrêter le faire avant que le temps ne me rouille, que la vie me dérouille, faire et défaire des grimaces laides comme l´hiver de Fernand et léger comme Chagall. Enfin, je ne sais pas quoi faire mais j´y vais d´un train d´enfer et la grève des chemins de fer n´y peut rien. Je ne sais plus que faire dans cet envers de plomb et de fer où ma plume cherche son encre. L´ange a du plomb dans l´aile.
JMS - extrait de : "Lettre à ma plume" (à paraître)
Je vole en solitaire
Mes larmes plus hautes que le ciel
Je voulais être serin aux pays des aigles
Devenir un vieil enfant serein au royaume des hommes
J’avais l’âme oblique et ma casquette de travers
J’avais de l’orage sous mes tempes
Et du schnaps dans mes rêves
J’ai pris mon encre et un dictionnaire de rimes
J’ai pris le silence pour maison
Je ne savais pas vivre à ma hauteur
Je vole en solitaire et parcours ma folie
En bas vivent les hommes et la raison.
jms
JMS - In : "Derniers délires avant inventaire" - Editions Chemins de Plume - 13.50 Euros
C.M. " L'homme-soeur" 1999