L’oubli plus fort que le fini
Et ce battement des jours qui coud le vent perdu à l’aiguille des montres
Et les larmes séchées qui coulent à l’insensé naufrage sur des papiers courriers
Et cette pêche à la ligne quand l’encre est si vide que le sens se noie
Et ces jours qui arrivent comme des voiliers fous
Et cette ancre de la destinée qui tire vers le fond du voyage
Et ce sourire d’homme perdu abandonné sur un quai de gare
Et le rêve comme une mouche entoilée sur une folie en grève
Et la raison qui tue la déraison comme l’on flingue la liberté
Et mon âme qui s’étiole au fil d’absconses vérités
Et cet enfant qui court dans des temps révolus
Et ce vieillard qui crie dans un lit de patience
Et toi mon père au royaume du passeur
Et mon rire qui se cherche aux vertus de l’oubli
Je t’aime je t’aime je t’aime
Les mots courent à l’infini
Fini fini fini
L'oubli toujours plus fort que le fini
Et là-bas cette patrie qui plante ses drapeaux
Je cours je rêve je vais
Les mouroirs d’enfance chantent en français en espagnol en arabe
J’ai oublié oublié oublié
Rien
Il est des matins où le pain ne trouve pas sa faim
Je cherche mes dents d’enfance, mes dents de lait
Bat bat bat mon cœur
Au soir reviennent les fantômes
Quand le jour se lève une soif de rêve inassouvi encombre la cafetière
Georges m’a téléphoné la médecine le découpe
La vie profile ses adultères de mort
Je vais tu vas nous allons
Je cours je rêve je vais
Je t’aime je t’aime je t’aime
Les mots courent vers l’infini
Fini fini fini
L’oubli toujours plus fort que le fini
Je cours je rêve je vais
Les mouroirs d’enfance ne chantent plus en français en espagnol en arabe
J’ai oublié oublié oublié
Demain un jour sera hier
Je ne L’ai pas rencontré.
JMS - Extrait de "Dieu, le silence et moi" - Editions Chemins de Plume