Marelles barbares
L’enfance, cette blessure trépidante,
festoie à la marelle des souvenirs.
Inlassablement, elle court, se perd en cette cour
où le damier d'un carrelage usé
garde encore l'ombre d'un chat
et de veilles ombres aux sourires éreintées.
Funambule sur un copeau de temps arraché à l’immensité,
je me regarde flétrir,
je danse je cours je meurs je ris.
Zombie inconscient dans une mémoire irradiée,
je cherche un cri de jeunesse,
le visage d’ingénues
que le crépuscule noyait en de sages demeures
affamant l'abondance des désirs.
Qui étais-tu ma belle à peine effleurée d'un regard
quand l'exil trancha le destin ?
À l'explosion des jours, l'absence ne fait plus de projets,
j'ai le regard courbe d'un miroir braqué sur le défilement des jours,
les images naufragent des rêves inaboutis,
je n'ai rien oublié de l'orange amère
et de ce ciel clinquant où les étoiles reflétaient des rires d’enfants
quand pieds nus je parcourais ce ciel
où j'ai cloué mes rêves.
C'était il y a bien longtemps,
avant que ceux qui m'aiment et que j’aime
fassent qu'ici je renaisse.
Mais…
la mémoire,
parfois trépidante,
encore s'acharne à des marelles
barbares.
JMS