Viendras-tu ?
À l'allaitement du jour de vieilles vérités brûlaient,
frère, où étais-tu quand la nuit nous enfantait ?
J'ai pardonné aux étoiles d'être né,
frère, que puis-je faire d'autre que vivre
et partager le ciel, le miel et l'avenir avec toi ?
J'ai vu l'enfant trembler aux prises de bec du silence
quand la question raisonne sans trouver de réponse,
frère, le sais-tu, sur terre nous sommes frères.
L'atome ne dort jamais dans ces tombes
où la vie oublie le mouvement.
Fais courir ta pensée,
ouvre le verbe aimer,
je t'attends.
À l'amnésie du projet
le vertige du jour est une équation
sur la maigreur du verbe,
frère, je t'attends pour ouvrir le rêve.
Sur la pudeur étiolée des utopies compassées
il n'y pas de bombes, de mots et de blasphèmes assez puissants
pour conjurer les crimes contre l'amour.
Frère m'aideras-tu ?
Demain se construit aujourd'hui
avec des mains et des cœurs de nains,
j'ai des fleurs et de l'encens,
des graines de rires d'enfants à venir,
des poudres sacrificielles à éradiquer les terreurs.
Regarde les jouer avec la bombe,
avec la mort…
Et l'avenir
mon frère, le vois-tu ?
Sommes-nous seuls devant la boule de cristal
où le futur perd son souffle ?
Frère, j'ai peur,
à la parade des vertus
les jeux du stade arment la négation de la grandeur ;
Rimbaud, la vérité,
le bon sens et la culture
meurent aux autodafés du Net,
les dieux ferment boutique,
le dark vend ses évangiles.
Frère m'aideras-tu ?
Le monde est à refaire.
JMS-12/10/22