Fuis

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Fuis fuis mon hirondelle,
fuis la biche du bois,
et toi, l'écureuil sur ta branche,
fuis, ça chauffe chez les humains.
Écoute,
écoute grandir le désert,
la colère du vent et des pluies sauvages.
Fuis, fuis petite vipère
j'entends grésiller le mulot, le campagnol et le renard,
ça sent la chair et l'herbe brûlées
ça crame au pays d’homme,
mais comme moi ne ferme pas tes yeux,
n'imagine pas la douleur qui court parmi les flammes,
la larme entravée dans ma mémoire*
ne retient ni colère ni désespoir.
Fuis fuis,
l'homme point zéro, l'homme primaire, l'homme point trois,
l'homme de rien et l'homme supérieur
jouent avec des allumettes, des bombes, et la nature meurt.
Fuis et jamais ne crois
à l'innocence des grands bipèdes,
à l'intelligence de ceux qui disent que la terre est plate,
à ceux qui croient que le cosmos leur appartient,
à la crédulité de ceux qui croient qu’un Dieu nous sauvera.
Fuis fuis,
n’imagine pas la douleur qui court parmi les flammes,
le vent qui te poursuit,
cours renardeau,
ça chauffe chez les humains,
demain il brûleront la Terre,
et toi mon hirondelle,
où es-tu quand j'ai peur pour toi ? 

                             
*Mordekhaï Gebirtig, poète auteur du poème "Ça brûle" (ils-brulent-brulent-notre-bon-village)

Lettre à Martin Niemöller et à Mordekhaï Gebirtig - CHEVAL FOU ...http://chevalfou.over-blog.net › 2015/11 › la-clarinette-...

 
 
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