Le sais-Tu ?
Où que j'aille, j'écrirai,
du Nord de mes inconstances au Sud de mes regrets,
de l'Est de mes désirs aux ailleurs du temps et de la mémoire.
Qu'y a-t-il plus loin que l'Ouest,
plus loin que le crépuscule des aimants ?
M'as-Tu connu ?
Et moi qui ne sais rien, je Te demanderai :
Dis-moi qui je suis
car je ne sais plus d'où je viens.
As-Tu un autre corps que celui qu'enferme ma question ?
As-tu une autre voix que celle de l'énigme ?
As-Tu une réponse à m'offrir ?
Je T'ai cherché partout, j'ai scruté le futur et le passé,
traversé le cristal, regardé en moi sans jamais Te trouver.
Je n'ai croisé que l'attente des enfants et la peur des vieillards.
Encore et encore, je Te demanderai :
Pourquoi n'es-Tu pas venu ?
Moi, l'athée qui tutoyais l'infini, traquant Dieu et la beauté,
de mes mains percées, comme un cœur oublié,
j'agripperai le vent, les heures et ma peur.
Dans le chevauchement des jours, j'irai,
sans savoir où, sans savoir quand.
Dans la traversée des diagonales,
je chercherai un nom qui aille à Ton pas.
Où que j'aille, moi, l'athée qui Te tutoyais,
je m'écrirai sur la page blanche de Tes silences,
je nous écrirai,
le sais-Tu ?
Je cherche une aile qui sache le lointain,
une branche sur l'arbre aux oiseaux,
une feuille, un rire, un regard
où suspendre cette musique qui parle de l'enfance.
Était-ce une comptine ?
Moi, l'athée qui tutoyais l'Impossible
sur l'aride chemin des consciences,
je cherche une route qui soit mienne,
une griffure de miroir qui nous assemble.
Peut-être me rencontrerai-je,
un soir, dans un bar à oubli,
ou une nuit, dans les fumigènes de l'espoir.
Écoute, écoute,
est-ce un bruit de guerre, un cri ?
Une frayeur ou des voix d’enfants ?
Le souffle d'une migration d'âmes ?
Le sais-Tu ?
Déjà, j'ai mal de froid
comme le corps des mots quand la vie s'en va,
quand le sens s'égare.
Demain je reviendrai,
le matin avant l'éveil de la ville,
je reviendrai dans le sommeil des savoirs.
Demain, des hommes, en restera-il ?
Le sais-tu ?
Moi, l'athée qui tutoyait Dieu,
je reviendrai Te demander :
Dis-moi pourquoi je suis venu
moi qui partirai,
inconsolable,
sans avoir sauvé le monde.
JMS