Je ferme ma gueule et je pleure

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

Parfois, un bruit plus grand que le silence effondre l'espérance
un cri me réveille, aussi immense que l'impuissance
aussi profond que la blessure.
 
L'encre est un mot qui saigne
comme l'agneau sous les coups du bourreau.
Est-ce le matin, la fin des jours ?
 
J’aimerais tant rêver
mais, parfois,
parfois,
mon désespoir est plus vaste  que ma colère
alors
je ferme le bruit
je ferme les yeux
je ferme ma gueule
et je pleure.
 
Le temps des hommes qui s'entre-tuent est revenu
comme reviennent mes poèmes de peu d'espoir.
Les jours à contre cœur
et les furies cognent, fracassent grand cœur.
 
Je prie comme les enfants qui agonisent
aboient des odes à la vie.
Je jure des mots à gueules de trépassés,
des injures crève chien,
des glapissements carnassiers d'éventreurs en goguette
et je me demande qui marche dans les sabots du diable.
 
Je viens de temps invraisemblables où l'on croyait à l'amour,
où Luther King avait un rêve,
mais, hier, j'ai vu des cigognes sauvages
rameuter les bébés pour les ramener d'où ils viennent.
Ils iront à l'envers des naissances,
là habite la mort,
là où s'enterrent l'avenir et l'espoir,
ici,
je me demande qui joue à vis ou crève.
 
Je viens d'un temps inimaginable
où, comme cartes à poker, l'on battait l'utopie
en ces jours où l'as de cœur toujours triomphait.
Mais, le jeu est mauvais, si mauvais
que le trèfle, le pique et le malheur se ressemblent.
 
J'aimerais renverser la table,
déchirer le ciel comme un lit qu'on ouvre
et au matin me réveiller pour dire que la vie est belle
mais je griffe des mots qui ressemblent au jour.
 
jms

 

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