La solitude ressemble à ma patrie
La solitude ressemble à ma patrie,
vêtue de mots, elle foule le silence,
partout, la fuite des rires me déshabille.
Dans la canonnade des dictatures et des propos inutiles,
je côtoie des mots d'oiseaux et des chiens sans colliers
échappés de la fourrière des contraintes.
J'arpente les noms de mes morts, des infimes et des grands,
les vivants viennent de si loin qu'ils habitent une part de moi,
ils vont parmi des traverses d'automnes et d'atomes
et des silences qui me rassemblent.
Je déterre un pays qui m'a trahi
et des robes de rêve pour habiller les mariées.
J'agenouille des Marseillaise sans tambours ni sang,
je parcours le sens de l'espoir quand le fusil s'endort,
j'arpente des points de fuite où les chahuts du monde se perdent,
j'entends des musiques jamais écrites où les anges cherchent leur langage,
je visionne la mort dans les mémoires de marbre et d'airain
qui peuplent les places publiques,
je cherche les derniers merles,
et les derniers écureuils dans le regard des enfants.
Je dors sur un passé qui enterre le ciel, les arbres, l'air,
j'exhume des cris d'argile pour y bâtir une maison,
j'appelle à la vie qui voudra bien l'habiter.
La solitude ressemble à une patrie lointaine
que je voudrais gorger de musique et d'amours perdues.
Un vieux rêve me poursuit.
Jms10/04/2020
