Lendemain de mariage à Kaboul

Publié le par CHEVAL FOU (Jean-Michel Sananès)

22 heures,
le 18 août,*
la musique cessa.
On essora la joie jusqu'aux larmes.
Une odeur de vies arrachées
se répandit sur les immondices de la ville.
La mariée hurla
à l'heure où la mort se leva.

Sur les heures arrêtées
la douleur et l'horreur se répandirent.


Le 19 août,
la mort n'était pas encore couchée,
elle marchait sous un voile noir,
quelques versets oblitéraient les consciences,
on avait enseveli les cœurs.
Partout où elle passait, gisaient des innocents.

Le 18 août,
le jour où la mort s'était levée,
j'aurais tant aimé qu'elle n'eut ni livre, ni mains, ni armes,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit que celle qui délivre
des douleurs de l'âge et des misères du siècle,
j'aurais tant aimé qu'elle ne soit pas l'otage de déments
aveugles et sourds aux droit à la vie et à la liberté d'être.
J'aurais tant voulu qu'ils n'aient rien oublié de l'amour,
de l'entraide, de l'altruisme,
qu'ils aient étés nourris de promesses, d'espoir et d'avenir.
J'aurais tant voulu qu'ils ne soient jamais devenus ces bourreaux voleurs de vie.

Le 19 août,
ici ou ailleurs,
un jour, j'espère
qu'encore la vie s'éveillera,
plus forte que les ténèbres,
plus haut que la parole des livres.

Je voudrais,
ce jour là,
qu'elle soit fille de la colombe et de ce ciel
où naissent la parole et la conscience.
Je voudrais l'entendre parler comme on chante,
qu'elle soit de mains tendues, d'eau à puiser, d'enfants à nourrir,
de rêves à sauver, de terre à réparer.
Je voudrais qu'elle nous parle et nous enchante
de promesses d'avenir, d'enfants, d'écoles et de jeux.

*18 août 2019 - Kaboul. L'attentat lors d'un mariage a fait 63 morts et 182 blessés

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