me souviens plus, me souviens plus
Passager de l'inquiétude
je marche sur la route de l'âge
"Bura, bura, bura,
me souviens plus, me souviens plus"
Disait Colette Magny
évoquant les amputés de la mémoire
d'Hiroshima et de Nagasaki
dans cet après guerre
où l'amnésie chassait ses morts
"Bura, bura, bura
me souviens plus, me souviens plus"
Je n'étais pas à Hiroshima
je n'étais pas à Nagasaki
je n'étais pas un Hibakousha
j'avais rejoint les plaines de la sérénité
après avoir connu la peur des exclus
l’amitié, la trahison, le chagrin
Ils m'avaient déclaré senior
Ils m’avaient dit : tu as mérité le repos
le droit à ta pitance mensuelle
depuis, je fais retraite
à l'après frontière de ma jeunesse
d'un pas serein j'attends cet âge d'or
où les papis tranquilles se penchent sur leur vie
"Bura, bura, bura "
me souviens plus, me souviens plus"
Les mots se cachent
les mots s'enfuient
j'habite les couloirs de l’oubli
je te cherche dans l'inconscient de l'amour
j'ai égaré les visages
je vis parmi des ombres impalpables
L'heure a perdu sa boussole
j'ai dix ans, j'ai perdu mes jouets
je cherche mes amis, ma rue
je cherche mon souffle, mon pas qui court
Maman ne vient pas me voir
je vous cherche
je sais qu'un chat m'attend quelque part
J'ai peur
"Me souviens plus, me souviens plus"